El Wahrani à l'assaut de Carthage Après une édition cahoteuse, intervenant dans une période sociopolitique particulièrement trouble, les Journées cinématographiques de Carthage reviennent cette année, du 29 novembre au 6 décembre. Désormais annuelle, «afin de suivre l'actualité cinématographique et de promouvoir les nouvelles productions», les JCC retrouvent ainsi à leur tête Dora Bouchoucha qui avec son équipe nous a concocté un beau programme qui n'a rien à envier aux festivals mondiaux dont celui prestigieux de Cannes. A en juger par la richesse et qualité de la programmation visibles sur le site Web de l'événement. Rendez-vous incontournable avec le monde du cinéma, Les Journées cinématographiques de Carthage, accueilleront à l'occasion de la 25ème édition 48 pays venus de quatre continents différents. Autres nouveautés cette année, outre le fait que les JCC, élargissant leur champ d'action avec la mise en place d'Ateliers de projets, ses master class, des producer's Network etc, c'est la «géographie» d'accueil de la manifestation qui s'élargit davantage puisque plusieurs régions seront aussi concernées cette année. On citera notamment Kaïrouan, Medenine, Jendouba, Thala, Gafsa, Menzel Bourguiba. Aussi, insiste-t-on sur ce point, des copies de travail de film en cours de finition ont été aussi sélectionnées afin d'être visionnées par un jury constitué de professionnels de l'industrie cinématographique. Entrant dans le cadre des ateliers de projets «Takmil», il s'agira de contribuer de manière plus efficace à l'achèvement des films arabes et africains en finition. Cette section phare des JCC existante, depuis 1992, entend aujourd'hui affirmer son rôle dans la promotion de la jeune génération de cinéastes tunisiens et l'encouragement de leur liberté d'expression. Les auteurs auront ainsi l'occasion de défendre leurs oeuvres par la suite, des prix seront décernés par le jury afin d'aider ces films à voir le jour. Le grand jury international qui sera amené à départager les films longs métrages en compétition sera composé par l'acteur américain Dany Clover, Rima Kcheich, la Tunisienne Selma Baccar, Mana Chalabi,le père de Délice Paloma Nadir Moknèche et l'Italienne Renato Berta. Le film d'ouverture est signé par le réalisateur mauritanien Abderrahman Sissako avec son Timbuktu le chagrin des oiseaux qui a fait sensation au dernier festival de Cannes. «Cette session revêt un sens tout particulier cette année, cinématographique bien sûr mais aussi historique et politique. Notre petit pays qui a décidé un changement chez lui, a encouragé l'ensemble de la région à se prendre en main, il demeure aujourd'hui un laboratoire pour les libertés. Le festival a près de 50 ans aujourd'hui, il est une fenêtre sur le monde, un creuset d'échanges intellectuels et il se veut un lieu privilégié d'expression pour la jeunesse. Cette jeunesse en tête de nos priorités trouve ici l'occasion de manifester son talent et son intérêt pour la culture à travers les projections de films, les rencontres, les débats et par la sélection où la majorité des films sont des premières ou deuxièmes oeuvres...» soutient Dora Bouchoucha. L'Algérie sera cette année singulièrement en force dans toutes les sections confondues. Dans la catégorie courts métrages, on relève les noms de Karim Moussaoui avec Les jours d'avant et Anis Djaad avec Passage à niveau. Côté documentaire l'on distingue le Chantieur A de Karim Loualich, Tarek Sami et Lucie Dsche et El Oued, el oued de Abdenour Zahzah. S'agissant de la compétition longs métrages fiction, on retiendra les noms de Loubia Hamra de Narimane Mari et El Wahrani de Lyes Salem. Ce dernier faut-il le noter est actuellement dans pas moins de 31 salles de cinéma en France en attendant sa sortie nationale en Algérie et sa tournée surtout qui se prépare doucement mais sûrement, d'après le réalisateur. Aurons-nous droit cette année encore à un «Algeria is back!» tonné du haut du théâtre municipal de Tunis par un Lyes Salem pleinement ému, comme en 2008? Wait and see. Ce n'est pas tout, l'Algérie sera aussi présente lors des séances spéciales notamment avec la projection de Les terrasses de Merzak Allouache, Danbé de Bourelam Gerdjou lesquels seront projetés au même titre que, tenez, vous -bien, Adieu au langage de Jean-Luc Godard, qui fera aussi l'objet d'une séance spéciale. Aussi, l'Algérie figure dans une section consacrée au cinéma du monde avec Baraket! de Djamila Sahraoui, où l'on pourra également apprécier, excusez du peu,les films Still the watar de Naomi kawse, My sweet peper land de Hiner Saleem, Jimmy's Hall de Ken Loach, Hippocrate de Thomas Lilti avec Reda Kateb, A touch of sign de Jia Zhangke, Party Girl de Marie Amachoukeli caméra d'or et meilleur film dans la section Un Certain regard cette année à Cannes ou encore Momy de Xavier Dolan sans oublier La voie de l'ennemi (Two men in town) de Rachid Bouchareb. Et si vous regardez bien encore, vous pourrez encore en repérer d'autres dans cette étoffée grille cinématographique à l'instar de Chroniques équivoques de Lamine Ammar-Khodja, Tarzan, don quichotte et nous de Hassen Ferhani et enfin C'est dans la boîte de Djamil Beloucif. Notons que le réalisateur algérien Abdelkrim Bahloul figure dans la liste du jury de la compétition nationale. Outre les hommages qui seront rendus à Maurice Pialat, Samba Felix N'diaye, Nacer Khemir et Omar Amiralay, le programme comprend aussi des zoom sur le cinéma roumain et chilien. A noter que des conférences-débats seront animés les matinées à la salle de cinéma Africa pour débattre avec les réalisateurs des films en compétition.