La Russie cherche à réunir le gouvernement et les différents groupes d'opposition syriens dans l'objectif d'engager des négociations sérieuses, sans préalable, pour mettre fin à la guerre qui déchire le pays. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, en charge du dossier syrien distille des bribes d'information faisant état d'un travail de fond pour rapprocher les vues entre les parties belligérantes. Des responsables syriens et des opposants avaient ces derniers jours affirmé que la Russie avait l'intention d'organiser de nouvelles négociations. Cependant c'est la première fois que Moscou l'affirme de façon claire et quasi officielle. «Nous sommes en contact avec le gouvernement syrien, l'opposition de l'intérieur et de l'extérieur», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, à l'issue d'entretiens dans la capitale libanaise. «Notre mission est d'établir des contacts préliminaires pour des négociations sérieuses sans conditions préalables afin que les Syriens se réunissent et commencent à parler, à rapprocher leurs idées sur tous les sujets», a affirmé le responsable russe dont le pays s'affirme comme un élément incontournable dans le règlement de la crise syrienne. «Au bout du compte, c'est le peuple syrien représenté par le gouvernement et l'opposition qui est maître de la décision concernant l'avenir du pays», estime Bogdanov. La Russie s'est illustrée récemment par un activisme diplomatique remarqué en recevant tour à tour en novembre un groupe d'opposants civils et militaires mené par l'ancien chef de la coalition Moaz al-Khatib, puis une délégation du gouvernement conduite par le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem. Ces différentes visites ont permis vraisemblablement à Moscou d'arracher un accord sur une inévitable relance des discussions entre le pouvoir et l'opposition dont une partie reste sous influence étrangère. Pour l'heure aucune date n'a été avancée pour entamer une éventuelle négociation qui, si elle s'avère envisageable, constituerait un tournant inattendu dans la crise syrienne depuis son éclatement en 2011. Ce n'est pas la première fois que des discussions sont esquissées entre les deux parties qui, il y a peu, refusaient même d'envisager de se regarder en face. Début 2014, deux réunions particulières à Genève entre le régime et l'opposition, sous le parrainage conjoint des Etats-Unis, qui soutiennent la rébellion, et de la Russie, avaient échoué. Les pourparlers ont capoté sur les questions controversées de la lutte contre le terrorisme djihadiste, du maintien ou non du président Bachar al-Assad au pouvoir, et sur la constitution d'un gouvernement transitoire. La crise syrienne qui a fait jusque-là plus de 200 000 morts depuis son éclatement en mars 2011 se poursuit faisant prolonger la destruction méthodique du pays. M. B./Agences