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Editorial
Publié dans La Tribune le 07 - 12 - 2014

Qui mieux qu'un homme de religion peut «corriger» les dérives de pseudos religieux, surtout s'il officie à la tête du ministère en charge des Affaires religieuses ? Mohamed Aïssa l'a fait, et pas via un communiqué, une conférence ou un point de presse, mais du haut du minbar de la Grande mosquée de Paris où il a donné le prêche de la prière du vendredi. M. Aïssa a troqué son costume de ministre contre le sceptre et la gandoura de l'imam pour dénoncer tous ces chouyoukh autoproclamés dont les sermons et prédications ont ouvert la voie à toutes les déviations et fait le lit des excès, extrémismes et radicalismes religieux. «Il y a des égarements, un dévoiement dans la pratique religieuse. Certains se contentent d'aller acheter des livres et d'autres vont vers des chaînes de télévision ou le réseau Internet écouter des pseudos-chouyoukhs dont on ne connaît ni les capacités ni les affiliations, ce qui a donné lieu à des déviations, des excès, des extrémismes et des radicalismes dans la façon de pratiquer la religion musulmane», dira l'imam Aïssa. Ces fatwas et autres exégèses ont fini par dénaturer la pratique de la religion, l'ont dévoyée et déviée de la voie du juste milieu, celle enseignée par des maîtres et des imams, de la trajectoire prophéticale, affirme le prêcheur. Pour soutenir son propos, M. Aïssa rappellera qu'Allah avait interpellé son prophète, Mohamed, à travers l'exemple de nations qui ont précédé l'islam en les mettant en garde contre l'exagération dans la pratique de la religion. La religion musulmane a «cette aptitude à être dévoyée, à être déviée de sa trajectoire, par l'ignorance, par des aventuriers et des gens qui voudraient quelquefois idéologiser la religion et l'instrumentaliser à des fins personnelles» et/ou politiques. L'imam se gardera bien de nommer ou de désigner qui que ce soit parmi ses exégètes autoproclamés, la place et le rang qu'il occupait en haut du minibar ne le lui permettent pas. Mais, en reprenant son costume et son statut de ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa a toute autorité pour agir et réagir contre ces pseudos chouyoukh qui se servent de la religion qu'ils interprètent à leur guise pour semer la haine et la discorde. L'Etat, que le ministre représente, à le droit et le devoir de protéger ses citoyens de toutes les déviations, où qu'elles se situent et quels qu'en soient les auteurs. Il ne suffit pas de dénoncer et de critiquer. Il faut contrecarrer les faux prêcheurs et démonter leurs arguments. L'Algérie compte suffisamment d'imams et de spécialistes en fikh et sunna qui peuvent produire les preuves, tirées du Coran, du hadith et de sira, de l'égarement de ces exégètes de pacotille. Cependant, il faudra sortir des mosquées et des salles de conférences pour aller les combattre sur le terrain qu'ils ont investi et qu'ils maîtrisent admirablement, les réseaux sociaux, les plateaux de télévision et tous ces vecteurs véhiculant leurs discours haineux qui ont noirci l'image de l'islam et des musulmans.
H. G.

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