Le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah, a lancé, jeudi à partir de Tiaret, un appel aux Algériens afin de solliciter les imams de leur pays pour obtenir une fatwa. Le recours à des prêcheurs ou imams étrangers «pourrait ne pas servir le citoyen algérien», a affirmé M. Ghlamallah, en marge de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans la wilaya de Tiaret. Le ministre des Affaires religieuses a attesté que les fatwas provenant des sources étrangères ne correspondent pas à la réalité algérienne. Il appelle les citoyens algériens à recourir aux membres du conseil scientifique existant dans chaque wilaya pour une quelconque explication ou orientation religieuse. Pour rappel, le conseil scientifique est l'instance habilitée à émettre des fatwas en Algérie et aussi pour les imams. Le ministre des Affaires religieuses a affirmé pour la énième fois que les solutions préconisées par les muftis ne sont pas valables pour tous, mettant l'accent sur «la nécessité de faire preuve de prudence et de chercher la fatwa auprès de l'imam de sa région». A une question sur la désignation d'un mufti de la République, M. Ghlamallah a répondu que la création de ce poste relevait des seules prérogatives du président de la République. En l'absence d'une instance de référence pour tous les Algériens, ces derniers continuent à recevoir des orientations venues d'exégètes étrangers, principalement wahhabites, qui infestent le Monde arabe. Les partisans de ce courant radical, définis par certains spécialistes des questions religieuses comme des «égarés», tentent d'exercer leur influence sur les Algériens à travers des fatwas les plus saugrenues. Faut-il rappeler que le wahhabisme est un courant religieux qui cultive la doctrine extrémiste, poussant à la violence et à l'intolérance. Dans un récent entretien au journal El Khabar, M. Ghlamallah avait déclaré qu'il «n'exerce pas de contrôle sur les mosquées» et qu'il refuse d'influencer le travail des imams. Et si certains de ces imams algériens, notamment ceux ayant été formés dans des écoles saoudiennes, sont favorables au discours wahhabite ? L'empirisme de cette doctrine devient de plus en plus visible dans la vie courante des Algériens, à commencer par la tenue vestimentaire, les pratiques religieuses et surtout le comportement social. Le ministre des Affaires religieuses a fait savoir que l'Algérie disposait de compétences scientifiques permettant de faire face aux chaînes satellitaires arabes et de répondre aux interrogations du citoyen. Mais qu'en est-il du danger qui provient de l'intérieur ? Le ministère des Affaires religieuses se dote-t-il de moyens lui permettant l'identification des imams et prêcheurs qui tentent de convaincre les Algériens à s'identifier à des réalités religieuses et sociales autres que celles qui caractérisent la société algérienne ? Tout le danger est là !