Leur métier, leur mérite? Mettre l'athlète dans les meilleures conditions possibles pour réaliser la meilleure performance qui soit. On parle abondamment de l'entraineur et du sportif en utilisant les plus fous superlatifs pour mettre en exergue leurs prouesses. Incontournable de dire, et c'est toujours le cas, que c'est tout à fait normal que la «une» soit l'apanage du consacré, celui qui réalise la performance, qui bénéficie des louanges et des félicitations sans jamais relever que, derrière l'excellence du résultat, se cache toujours une équipe de nutritionnistes, kinés, staff médical, psychologues...? La question est posée. Se posera toujours alors que chacun des représentants de ces métiers de l'ombre apporte sa pierre à l'édifice. Au sacre quand il y a, au bout, du succès. Des métiers «anonymes», mais tellement, surtout, déterminants au plus haut niveau. Les clubs, les sportifs et les sélections, (ça rime avec le professionnalisme, au sens plein du terme) ne s'en passent pas de nos jours et essayent d'avoir les staffs les plus étoffés pour mettre toutes les chances de leur côté. Dans la vie de tous les jours. Notamment quand il s'agit de compétitions phares ou rendez-vous importants. Souvent, ce sont les athlètes les mieux préparés sur tous les plans qui émergent du lot, s'imposent au plus haut niveau. Disposer d'un personnel médical de qualité par exemple peut vous éviter les blessures et rendre la récupération plus favorable. Les efforts à répétition, la récupération, la diététique, la gestion de la pression..., tous ces éléments nous font penser aux deux dates importantes qui attendent le sport algérien au mois de janvier prochain. La Coupe d'Afrique des Nations de football, dans sa version équato-guinéenne et le Championnat du Monde de handball qatarien qui attendent nos Verts. Si, actuellement, les résultats sont au rendez-vous, on ne pourra pas dire que l'Algérie des sports ait vraiment avancé dans le domaine de la formation d'encadreurs et de la médecine sportive. Cette dernière surtout doit devenir une réelle priorité afin de tirer le meilleur d'un potentiel sportif conséquent, mais mal-exploité. Le produit local reste en (très) net déperdition à cause d'un environnement sportif où la vétusté infrastructurelle fait bon ménage avec les carences dans ses secteurs vitaux pour l'épanouissement de nos jeunes athlètes. Pour revenir à cette année 2015 qui va s'ouvrir sur deux prestigieux tournois, les choses se présentent différemment pour les deux disciplines. La petite balle face à la balle ronde. L'intérêt n'est vraiment pas le même. Diamétralement, l'étoffe du staff aussi. Au moment où l'équipe nationale de handball part au Qatar auréolée d'un titre de champion d'Afrique, celle du football ira en Guinée équatoriale à la conquête d'une couronne africaine tant désirée, mais décrochée à une seule reprise seulement contre 7 pour le «jeu à sept». Même si nos handballeurs excellent, les moyens humains qui sont mis à leur disposition par les instances respectives ne sont pas vraiment identiques. Aujourd'hui, si on demande au public les noms du staff de handball, la majorité ne sortira que le nom de Réda Zeguili l'entraineur en chef... et encore. Pour le football aussi, tout le monde connaît le sélectionneur Christian Gourcuff, mais rares sont ceux qui connaissent le nouveau préparateur physique Guillaume Marie (la majorité connaissait son prédécesseur Cyril Moine), l'entraineur des gardiens Hassan Belhadji, le Kinésithérapeute Mohamed Boughlali ou le médecin de l'équipe, le docteur Yekdah Ali. Un staff qui a un rôle charnière dans les résultats qu'ont obtenus, qu'obtiennent et qu'obtiendront les Algériens lors des prochains rendez-vous. Dépendance éternelle ? Le constat que l'on peut faire aujourd'hui dans une Algérie des sports en pleine relance, c'est que le déficit reste criant et consternant en matière de personnel sportif avec toutes les exigences actuelles dans le «sport circus». L'anonymat qui tue ? Aucun club de l'élite n'a la culture d'engager des nutritionnistes, des psychologues et des médecins de haut standing pour rendre l'hygiène de vie des sportifs meilleure et augmenter le pourcentage performance qui frôle le niveau amateur. Cette démarche et cette négligence décourage souvent les étudiants de l‘ES-STS ou l'ENMS qui préfèrent plutôt s'orienter vers une formation d'encadreurs sportifs que de percer dans des domaines qui font fuir et n'éveillent pas vraiment la curiosité car paraissant sans quelconque avenir. De facto, lorsque l'équipe nationale a besoin d'un préparateur physique ou d'un psychologue de sport, les responsables font obligatoirement et par reflexe recours aux connaissances étrangères en la matière étant persuadés que le produit national ne peut pas remplir les critères et répondre aux normes et modes de travail universels. Il faut toutefois reconnaître qu'il pourrait y avoir l‘oiseau rare vu le potentiel énorme dont jouit le pays et ces nombreux diplômés qui sortent des écoles et instituts sans pour autant avoir une chance réelle de montrer l'étendue de leurs connaissances et capacités sur un terrain vétuste, mais qui les boude. L'alternative et la solution facile reste d'«importer» d'ailleurs peu importe la qualité même si le sauveur n'a pas de renom. L'essentiel est qu'il ait déjà exercé dans un encadrement professionnel, de l'autre côté de la Méditerranée. Le rendement sportif et la science ne sont plus dissociables «Un sportif ne peut être physiologiquement performant que s'il est en bon état de santé.» La devise est simple et révélatrice. Les résultats du travail technico-tactique (pour les sports collectifs) ou ceux techniques (pour les sports individuels) ne peuvent être excellents si le sportif ne remplit pas d'autres critères et travaille les différents volets qui ne sont plus négligeables dans le «top-level». Dans beaucoup d'autres pays, les athlètes confirmés ont bien compris cela. En outre, de plus en plus de sportifs amateurs s'y intéressent fortement, faisant ainsi appel à des techniciens du domaine détenteurs d'un diplôme reconnu par l'Etat. Lors d'une préparation physique (marathon, football...), le corps est mis à contribution et les apports alimentaires permettent de combler cela, d'où son rôle déterminant. Donc, à l'approche des deux épreuves majeures qui attendent les camarades de Yacine Brahimi et ceux de Abdelmalek Slahdji, il sera nécessaire pour le staff des sélections de prendre ces données en considération et très au sérieux. Les joueurs seront appelés à répéter les efforts en des délais très proches et courts, en plus de la période de préparation qui précèdera l'entrée dans la compétition. Des détails qui seront déterminant dans le parcours qu'auront nos représentants. Avec les poulains de Christian Gourcuff qui visent le trône africain, et les protégés de Zeguili qui aspirent à livrer un bon Mondial face aux meilleurs adversaires qui soient, la période précompétitive sera capitale. Dans le sport d'aujourd'hui, le résultat et le rendement sont étroitement liés à la science et au développement que connaît la recherche biologique et diététique. Scientifiquement, la performance peut se définir, quel que soit le niveau sportif de chacun, par l'optimisation de toutes les fonctions physiologiques ayant répondu favorablement aux adaptations attendues de l'entraînement. En d'autres termes, l'entraînement crée un «désordre cellulaire», à l'origine de perturbations physiologiques locales, ponctuelles et contrôlées. Ce désordre permet par la suite à l'organisme de récupérer et d'accroître ses capacités de résistance. Cette adaptation s'avère bien entendu variable d'un sportif à l'autre en fonction de la qualité de son entraînement, de sa récupération, mais également de ses capacités intrinsèques, de son environnement ou de son hygiène de vie, dont l'alimentation. Une nutrition optimale de nos cellules permet en effet à l'organisme de répondre favorablement aux sollicitations de l'entraînement. Dans les différentes équipes nationales, les staffs travaillent en étroite collaboration avec ceux des clubs pour avoir les «données biologiques» et les précisions sur l'état physique de chaque élément. Il y a aussi des stars du sports tels les Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et Zlatan Ibrahimovic qui ont un kiné, psychologue, nutritionniste, médecin et tout un personnel privé qui veillent à ce que tout soit en règle pour que l'athlète atteigne le paroxysme de ses capacités. Sauf qu'il s'agit là (ne rêvons donc pas trop pour l'instant) d'un autre monde... Les responsables du sport en Algérie se doivent donc de généraliser cette nécessité pour le sport d'aujourd'hui dans un environnement national qui en a besoin pour l'épanouissement rêvé, mais qui tarde à voir le jour. M. T.