Merzak Meneceur Dix jours après l'Assemblée nationale, le Sénat français a adopté jeudi une résolution qui «invite le gouvernement français à reconnaître l'Etat de Palestine et à en faire un instrument des négociations pour un règlement définitif du conflit et à l'établissement d'une paix durable». La résolution proposée par les communistes, écologistes et socialistes a été adoptée par 153 voix, essentiellement de gauche, avec un appoint indispensable de certains sénateurs de droite (UMP) ou centristes, contre 146, tous de l'UMP ou centristes. La résolution a été adoptée après un vif débat où les opposants à la résolution ont mis en avant les mêmes arguments que leurs collègues députés, à savoir l'inutilité et l'inefficacité du texte, son caractère prématuré, son déséquilibre en faveur des Palestiniens, son caractère purement symbolique, etc. Des arguments balayés d'avance par le rapporteur du projet du texte, le socialiste Gilbert Roger. «Pour certains, la reconnaissance ne serait que symbolique. Je crois, au contraire, qu'elle a du sens, que c'est la seule option pour promouvoir la paix. C'est un acte politique fort», a-t-il déclaré, avant d'ajouter : «Initiative prématurée ? Voilà quarante-sept ans que les territoires palestiniens sont occupés(...) vingt ans que le processus d'Oslo est au point mort, quinze ans que le Conseil de l'Union européenne a déclaré ‘'Le moment est venu !''. Oui, il est temps d'agir, avant qu'il ne soit trop tard». «Unilatéralisme ? Non : la reconnaissance de la Palestine est un soutien aux démocrates des deux camps. Ce ne serait pas aux parlementaires de se prononcer ? La représentation nationale est souveraine», a encore rétorqué l'orateur aux sénateurs partisans du statu quo que veux faire perdurer le gouvernement de Tel-Aviv pour éterniser son occupation coloniale et l'humiliation du peuple palestinien. Après le vote du Sénat, c'est l'ensemble du pouvoir législatif français qui demande la reconnaissance de l'Etat de Palestine. Dans son principe, le pouvoir exécutif est d'accord pour cette reconnaissance, mais il veut respecter son calendrier. Celui-ci prévoit de faire voter par le Conseil de sécurité de l'ONU le principe de la convocation d'une conférence internationale qui aura deux ans pour faire admettre dans les faits l'existence d'un Etat palestinien viable, libre et souverain. En cas d'échec de la conférence, la France reconnaitra alors officiellement l'Etat palestinien. Ce laps de temps que s'accorde le gouvernement français n'est pas partagé par toutes les forces politiques et le mouvement associatif qui demandent une reconnaissance immédiate. C'est le cas du Parti communiste qui, dès le vote des sénateurs, a déclaré que «la reconnaissance de l'Etat palestinien n'attend plus». «A François Hollande d'agir. Le Président et l'exécutif français ne peuvent plus se dérober : ils doivent incarner la voix du peuple français qui est favorable à la reconnaissance immédiate- en première instance et sans condition- de l'Etat palestinien et à la fin de la colonisation», ajoute le PCF, alors que le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) avance la même exigence en soulignant que «cette reconnaissance doit s'accompagner des sanctions que nous ne cessons de réclamer au gouvernement français : arrêt de toute coopération militaire, embargo sur les armes, interdiction des produits des colonies et de toutes relations d'affaires avec les colonies, suspension de l'accord d'association pour contraindre Israël à négocier sur la base du droit des peuples et du droit international». M. M.