Frapper un élève est strictement interdit. La loi est on ne peut plus claire et ne souffre aucune équivoque ni exceptions. Pourtant, de nombreux enseignants recourent au châtiment corporel, et ne s'en cachent pas. Pis, ils le justifient par l'impossibilité de «gérer» les classes surchargées autrement, le manque d'éducation de certains élèves et la démission des parents, «qui, d'ailleurs, le savent généralement ou s'en doutent, mais laissent faire, tant que l'enseignant se limite à faire rougir les paumes des mains», dira une enseignante. Mais la loi n'est pas faite pour les parents ni par eux. L'interdiction des châtiments corporels a été édictée par l'Etat pour protéger l'enfant. Quels que soient les arguments et les justificatifs produits, l'enseignant ne peut s'arroger le droit d'user de violence pour corriger un élève qui serait arrivé en retard, aurait bavardé en classe ou oublié de faire ses devoirs. Et les parents n'ont pas non plus autorité pour permettre à l'enseignant de frapper leur enfant. De plus, pédo-psychologues et pédagogues sont unanimes : l'usage de la violence ne produit que la peur, qui ne peut en aucun cas aider à l'éveil de l'intérêt de l'élève pour la matière. Bien au contraire, il la détestera et son professeur avec. Quant à ces thèses défendant «la vieille école» -considérant qu'elle était plus performante- et qui soutiennent que quelques coups sur les mains n'ont jamais fait de tord à personne -«pour preuve, soutiennent leurs défenseurs, nous en avons reçu et nous ne nous en portons pas plus mal»-, on peut y opposer cette tradition, de la vieille école aussi, qui voulait qu'un bon élève reçoive un «bon point» à chaque fois qu'il fait preuve de zèle, avec la promesse d'un cadeau quand il aura totalisé 10 «bons points». Ainsi, on récompensait le bon travail tout en établissant un sain esprit de compétition entre les élèves. Dès lors, les enfants feront des efforts pour se surpasser. Certains ne le feront pas. Ce sont les cancres. Il y en a toujours eu, il y en aura toujours et leur cas est prévu dans le chapitre «déperdition scolaire». Il reste à la politique de l'éducation de prendre en charge leur réorientation et leur insertion, comme elle doit prendre en charge la gratification des bons élèves qui ne peut être assumée par l'enseignant. Il ne s'agit pas de se contenter d'interdire le châtiment corporel. Faudra-t-il encore donner aux enseignants les moyens de bien faire leur travail et de sévir sans devoir user du bâton. H. G.