Cette semaine, pourrait être considérée comme particulièrement retentissante sur le plan évènementiel dans l'histoire contemporaine. Mercredi dernier, le président américain, Barak Obama, a estimé qu'il est temps, aujourd'hui, de renouer le dialogue avec la Havane en vue de rétablir les relations diplomatiques avec Cuba. «Nous commençons un nouveau chapitre entre les nations des Amériques. Nous sommes séparés par quelques kilomètres, mais une barrière psychologique nous éloignait. Etant donné que nous avons des relations avec la Chine, communiste, et avec le Vietnam, j'ai souhaité revoir les relations avec Cuba », a déclaré le chef de l'Etat US lors de son dernier discours à la Maison Blanche. Pour rappel, ce pays, avec la Corée du Nord, demeure, sur l'ensemble des Etats du monde, sans lien quelconque officiel avec les USA depuis 1962. Quelque temps après le triomphe de la révolution populaire sur le régime de Batista, pro américain et corrompu, Fidel Castro décide de nationaliser les compagnies d'exploitation de canne à sucre, des fruits et du tabac, dans lesquelles des trusts américains avaient le plus gros des intérêts, après avoir établi le modèle communiste dans les activités économiques et sociales du pays et lié avec Moscou et le bloc de l'Est des relations de grande prédilection. Aussitôt, Washington met fin aux relations diplomatique avec Cuba en orchestrant en sus un embargo économique, commercial et financier, qui empêche toutes les nations de la planète, partenaires, de près ou de loin, avec les Etats-Unis d'aider ou de posséder des activités de commerce avec l'île. La crise des missiles russes, à têtes nucléaires, sur les rives cubaines braqués vers les territoires américains, quelques mois après, en octobre 62, accentue la détérioration du climat entre Washington et la Havane. Il s'agit de l'épisode le plus périlleux de la Guerre froide où le monde frôla de justesse un conflit nucléaire. Les services de renseignement du Kremlin avaient, alors, détecté un projet d'invasion yankee de plusieurs dizaine de milliers de Marines. Une sorte de remake, en plus puissant, du débarquement de la Baie des Cochons, des unités de 1 400 hommes, soutenues par l'aviation, sont chargées de renverser le régime nouveau, pro-soviétique, mené par Fidel Castro. Plusieurs versions disent qu'il s'agit d'anciens réfugiés cubains entraînés et équipés par les agents américains dans un camp au Guatemala, sous la bénédiction du président Eisenhower. Opération défaite par les troupes castristes, malgré le bombardement de plusieurs localités importantes dans la principale île de Cuba. D'autres estiment que ce sont des officiers et techniciens de l'armée américaine qui ont chapeauté l'invasion. Et qu'après la déconfiture, en tant que prisonniers, l'administration de Fidel Castro tenta de les échanger contre des médicaments et de la monnaie en dollars. John F. Kennedy accédant à la Maison Blanche prend sur lui la catastrophe de la Baie des Cochons et, certain de la protection soviétique sans réserve de Cuba, installa moins d'une année après son investiture une quinzaine de missiles en Turquie et une trentaine en Italie, orientés en direction de l'Urss, quelques mois avant l'établissement officiel de l'embargo sur Cuba. Les missiles de Cuba pointés sur la Floride ont redéfini les rapports de force entre le tout petit pays et la plus grande puissance du monde. Maints spécialistes de la question cubaine pensent que la relation au culte aura été pour quelque chose dans la détente, dans le particulier, pour ce qui est de cet archipel des Caraïbes, et de la Guerre froide, J.F. Kennedy étant le premier chef d'Etat américain chrétien catholique, l'extraction religieuse de l'ensemble des habitants de Cuba, dont la Constitution garantit la prépondérance, au même titre que le marxisme -par ailleurs Fidel Castro lui-même a eu la vie sauve grâce à l'Archevêque de Santiago de Cuba qui intercéda auprès de Batista, après la rébellion de juillet 1953 mené par lui lors de l'attaque d'une grande caserne. Le rapprochement par le pragmatisme Le même jour du discours du président américain sur le devenir des relations US avec l'Amérique latine, Raul Castro, le frère cadet du Leader Maximo, quand même âgé de 83 ans, qui prend officiellement le contrôle du pays, comme président du Conseil en 2006, puis en tant que président de la République depuis février 2008, s'est exprimé devant les parlementaires et les responsables de l'Exécutif. «Nous avons décidé de rétablir les relations avec les Etats-Unis, dans un dialogue respectueux et avec des mesures mutuelles pour aller vers la normalisation», a-t-il dit en ne manquant pas de préciser les points sensibles à clarifier. «Cela ne veut pas dire que le principal est résolu, l'embargo doit cesser», ajoute-t-il en avouant les «différences en matière de démocratie et des droits de l'Homme» et promettant les dispositions cubaines à discuter. Mais la main «pontificale» n'est pas étrangère à cet évènement, après un dos-à-dos diplomatique de plus d'un demi-siècle. Le pape François, d'origine argentine, n'est pas resté inactif dans ce rapprochement spectaculaire. Qui ne va pas manquer de compter dans l'histoire. Selon la presse américaine, le souverain pontife, à l'annonce des deux Présidents, a déclaré sa grande joie aux deux chefs d'Etat, après leur avoir envoyé séparément une lettre au cours de l'été passé, les invitant à considérer le processus de réconciliation - il avait reçu au Vatican des délégations des deux pays afin d'étudier de finalisation du rapprochement. En tout cas depuis l'avènement de Raul Castro et Barak Obama, des signes de détentes se sont fait sentir de part et d'autre des deux pays en conflit, il a été mis fin aux diatribes antiaméricaines et la mise en veilleuse de la hantise marxiste dans l'île voisine. La circulation des personnes devient plus fluide pour rejoindre les rives mutuelles ainsi que le mouvement de l'argent des résidents américains d'origines cubaines -dont l'apport est sensible pour la sécurité financière de Cuba. Tandis que la communauté cubaine de la deuxième génération dans l'Etat de Floride et du New Jersey, s'est depuis assez longtemps mise à l'activité politique et possède même, aujourd'hui, des syndicalistes, des députés et des élus au Sénat. Et que son influence dans les nouveaux rapports va énormément peser, dans une communauté cubaine de plus de 3 millions de résidents, entre naturalisés et travailleurs permanents. Mais ce formidable redéploiement de politique internationale s'inscrit dans un concert de dispositif yankee d'intérêt pragmatique. Il va y avoir de fortes chances que la levée globale de l'embargo sur Cuba s'accompagne de la consigne de voir venir l'exploitation en offshore dans les rivages de l'île par les compagnies américaines, comme en Colombie -après la «liquidation» du mouvement des Farc, et au Venezuela, en train de diluer la disparition de Chavez dans une crise économique sans précédent. Dans tout «cela», avec son pétrole de schiste, Washington risque de ne plus avoir trop à dépendre des gisementsdmonarchies péninsulaires. N. B.