L'Algérie maintient sa position de principe de participer efficacement au processus de résolution politique de la crise libyenne, dans le respect des résolutions onusiennes. Elle est formelle dans son refus de toute ingérence étrangère, tout comme elle se dit opposée à la présence des groupes terroristes. La position algérienne est confortée et appuyée par l'organisation non gouvernementale Global Crisis Group qui, elle aussi, par le biais de son président, Jean-Marie Guehenno, présent à Alger, plaide pour une solution politique. Une démarche qui s'impose d'elle-même pour le retour de la paix et de la stabilité politique et sécuritaire dans le pays et dans la région. Dans un entretien accordé, samedi dernier, à l'APS, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a affirmé que «l'Algérie poursuivra, en dépit de l'adversité, sa mission qui consiste à accompagner les forces vives libyennes ayant marqué leur disponibilité à œuvrer pour une solution politique à cette crise». Insistant sur la non-ingérence étrangère de quelque nature soit-elle, le ministre délégué a poursuivi que «les Libyens sont les seuls habilités à définir les fondements et les contours de la solution politique». L'Algérie, par le biais du ministre délégué, réitère ses avertissements quant à une éventuelle aggravation de la situation sécuritaire dans le pays voisin : «L'escalade de la violence que connaît la Libye constitue une source de graves préoccupations pour l'Algérie et les pays voisins. Au regard de la simple donne géographique, cette crise ne saurait s'appréhender, pour nous, autrement qu'en termes de sécurité nationale.» La stratégie algérienne s'inscrit dans le but d'apaiser la tension dans toute la région mais c'est aussi «une dette à l'égard du peuple frère libyen qui nous a soutenu durant notre Guerre de libération nationale». Insistant encore sur la situation sécuritaire, Abdelkader Messahel dira: «Les derniers développements sur le terrain peuvent conduire à une dérive suicidaire de la Libye et vont à l'encontre des intérêts supérieurs du peuple frère libyen. Ces développements risquent, en effet, de provoquer le chaos qui ne profiterait, au bout du compte, qu'aux seuls groupes terroristes et au crime organisé transnational qui ont profité de l'instabilité de la Libye pour renforcer leur présence mettant ainsi en péril la sécurité et la stabilité dans toute la région.» Allant dans le même sens, le président de l'organisation non gouvernementale Global Crisis Group, Jean-Marie Guehenno, soutient que : «Les problèmes des espaces non gouvernés, dont le terrorisme, sont des phénomènes qui se nourrissent de la fragilité des Etats, menaçant l'ordre international. Les espaces non gouvernés ou mal gouvernés sont d'une importance stratégique.» Entre autres espaces considérés comme tel, l'hôte de l'Algérie cite l'axe est-ouest, allant de la Somalie à la Mauritanie et l'axe nord-sud, du Soudan du Sud jusqu'au Congo. Et lui aussi de mettre en garde : «Les régions échappant relativement au contrôle des Etats, ne peuvent être ignorées, et la croissance de ces espaces pose un problème pour l'ordre international basé sur la souveraineté des Etats, qui est la première ligne de défense et si cette dernière vient à craquer c'est tout le système international qui va craquer.» Et d'insister sur les manœuvres terroristes qui ne sont plus un secret pour personne : «L'utilisation de l'islam est un marqueur beaucoup plus qu'un soubassement idéologique car les terroristes n'hésitent pas à profiter des griefs et conflits locaux et à verser dans la criminalité et le trafic de drogue pour développer leurs activités.» L'approche politique pour la résolution du conflit a été donc mise en exergue, sans réserves. «Nous sommes convaincus de l'importance d'une solution politique pour préserver l'intégrité territoriale de la Libye. Une Libye en crise, c'est négatif pour toute la région. Il est très important d'arriver à faire baisser les tensions dans ce pays et y ramener le calme et la paix progressivement.» K. M.