Le nouveau président Tunisien, Béji Caïd Essebsi, fraîchement élu ce dimanche, a choisi l'Algérie comme première destination en tant que chef d'Etat, a rapporté l'APS. «J'ai déjà déclaré pendant la campagne électorale que ma première visite officielle sera en Algérie. Je le confirme en tant que Président», a annoncé hier à l'APS M. Essebsi, qui s'était présenté sous la bannière du parti Nidaa Tounès. «Les relations algéro-tunisiennes vont s'améliorer davantage dans l'avenir», a-t-il ajouté, en marge d'une rencontre avec des membres de son parti, a précisé l'APS. La nécessité de maintenir des rapports de bon voisinage forts avec l'Algérie, ainsi que le renforcement de la coopération entre les deux pays, ne sont pas les seuls arguments ou raisons qui président au choix du premier chef d'Etat tunisien librement élu depuis l'indépendance du pays en 1956. La Tunisie traverse depuis la chute de l'ancien régime de Zine al-Abidine Ben Ali une période difficile sur le plan économique et sécuritaire. Alger a porté main forte aux autorités de transition en leur octroyant des aides financières conséquentes. Après une aide de 100 millions de dollars en mars 2011, Alger a contribué avec la même somme au renflouement de la Banque centrale de Tunis, en plus d'une aide non remboursable qui serait de l'ordre de 500 millions de dollars, selon certaines sources. Concernant les échanges commerciaux, le montant ne dépassait pas 1,7 milliard de dollars, au 1er mars 2014, date à laquelle un accord commercial préférentiel avait été signé entre Alger et Tunis. Aussi, la visite d'Essebsi a une portée d'ordre régional. En effet, le contexte régional n'est pas pour rassurer Tunis, dont l'expérience en matière de lutte antiterroriste et les moyens dont elle dispose sont extrêmement réduits. Malgré l'aide financière et matérielle reçue de la part de quelques capitales occidentales, la Tunisie a besoin de s'épauler à l'Algérie, sa voisine, pour éradiquer les groupes terroristes qui écument le mont Chaambi, frontalier avec notre pays. Certains groupes sont fournis en armes et en hommes par le voisin libyen où la guerre civile risque de provoquer le démembrement de Tripoli. Par ailleurs, «Nidaa Tounès ne gouvernera pas tout seul le pays», a assuré M. Essebsi, exhortant l'ensemble des partis politiques tunisiens à trouver un «large consensus», a encore repris l'APS. «Le meilleur scénario pour Nidaa Tounès est qu'il fasse participer tout le monde au gouvernement pour ne pas subir à lui seul les échecs prévisibles au vu de la délicatesse des dossiers à trancher», a-t-il estimé. Pour rappel, Béji Caïd Essebsi a remporté la présidentielle de dimanche avec 55,68% des voix, devant le président sortant Moncef Marzouki qui a annoncé mardi la formation d'un mouvement politique citoyen pour empêcher, selon lui, le retour de la Tunisie à la dictature. M. Essebsi a obtenu plus de 1,7 million de voix au second tour, contre plus de 1,3 million pour son rival, qui a réuni 44,32% des suffrages, selon les chiffres annoncés lundi par l'Instance supérieure de la surveillance des élections (Isie). Le taux de participation s'est établi à 60,1% des inscrits. Juste après sa victoire, le nouveau président avait affirmé à la chaîne de télévision algérienne A3 que «la Tunisie ne pourra pas sortir de la situation économique, sécuritaire et sociale actuelle sans la contribution de tous les Tunisiens». M. Essebsi a appelé les Tunisiens à «coopérer sans marginalisation ni exclusion», ajoutant que «tous les Tunisiens ont le droit de prendre part à la vie politique et réaliser le développement». L. M./APS.