Les prix du baril de pétrole ont rebondi, vendredi à New York, après être tombés la veille sous les 70 dollars, les investisseurs anticipant une réduction de la production de l'Opep lors de sa réunion d'urgence convoquée la semaine prochaine. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude», pour livraison en novembre, a fini à 71,85 dollars, en hausse de 2,00 dollars par rapport à la clôture de jeudi. A Londres, le baril de Brent pour livraison en décembre, dont c'était le premier jour de cotation, a gagné 3,28 dollars à 69,60 dollars. Après avoir chuté de près de 9 dollars en deux séances, les cours sont remontés «en réponse à la convocation d'une réunion d'urgence de l'Opep», a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a avancé au 24 octobre une réunion d'urgence, initialement fixée au 18 novembre, alors que le baril est tombé, jeudi, sous les 70 dollars à New York, au plus bas depuis août 2007. Les prix ont été divisés par plus de deux, depuis le mois de juillet. «Il y a le sentiment que la production va être réduite d'environ un million de barils par jour», a observé M. Lipow. Confirmant cette idée, le ministre qatari de l'Energie a estimé que le cartel devrait décider de réduire sa production de brut d'au moins un million de barils par jour. L'Opep «n'est pas seulement inquiète parce que les prix tombent mais parce que, même s'ils réduisent leur production, cela n'arrêtera pas le déclin des prix», a nuancé Phil Flynn, d'Alaron Trading. Le Nigeria, l'un des premiers exportateurs africains de pétrole, va devoir réduire son budget 2009 à cause de la chute des cours. Selon certains analystes, le Venezuela pourrait connaître des difficultés similaires, malgré les démentis des autorités. Ces deux pays, «qui ont calculé leurs budgets avec des prix élevés, sont les défenseurs les plus virulents d'une baisse de la production», a relevé Mike Fitzpatrick, de MF Global. «La voix la plus influente, celle de l'Arabie Saoudite, n'a toujours pas été entendue. Une réduction de la production va les mettre dans la position, peu enviable, de vendre moins de pétrole, pour moins d'argent», a ajouté l'analyste. Globalement, «le marché reste plombé par les interrogations sur la demande», a relevé M. Lipow. Selon les statistiques du département américain à l'Energie sur les quatre dernières semaines, la consommation en produits pétroliers des Américains a baissé de 8,9%, comparé à un an plus tôt. Rien que depuis l'été, la consommation a encore reculé de 500 000 barils par jour, selon M. Lipow. Et «le déclin est visible, également, dans certaines parties de l'Asie et en Europe», qui subissent de plein fouet le ralentissement économique, pour l'analyste. Les analystes soulignent, cependant, que les prix pourraient repartir à la hausse dans les prochaines années, certaines installations pétrolières en mer du Nord, en Russie et au Mexique étant vieillissantes. Face à des prix retombés à leur niveau actuel, les compagnies pétrolières pourraient avoir à réduire leurs investissements pour trouver de nouveaux gisements, limitant les capacités de faire face à une demande qui reste en hausse globalement dans le monde, et qui pourrait repartir rapidement en cas de rebond économique.