Les dictons et les proverbes sont de mise dans une communauté donnée, lorsque le devenir des groupes et des individus n'est pas au beau fixe à cause d'un dérèglement dans les équilibres socioéconomiques. Ou plutôt, pour être dans le cœur de la problématique, quand les ressources solvables d'une nation perdent énormément de leur valeur. Des revenus sur l'exportation du gaz et du pétrole, par exemple, pour ce qui nous concerne. Du mois de juin à cette veille du nouvel an, les avoirs de l'Etat à travers ce produit sont tombés graduellement jusqu'à plus de la moitié. Selon les responsables du gouvernement, les grands projets de réalisation, inscrits et adoptés, ne risquent pas d'en souffrir spécialement parce que la «traditionnelle» manœuvre du prêche sur le pire, de considérer en chaque occasion de loi de Finances un seuil de baril fortement déprécié, afin de préserver les réserves de change. Mais l'économie politique n'étant pas une science exacte, ni l'opinion populaire uniformément acquise au discours officiel, les citoyens s'inquiètent et s'exprime. La plupart reprennent la rengaine de la «cigale et la fourmi», par allusion à l'embellie financière et les divers langages creux qui tentent de pointer les regards responsables sur le «bon usage» de la rente pétrolière, vers les créneaux de la relance manufacturière, le développement de l'activité agroalimentaire, la production de la semence et l'amélioration de la qualité des services et du management, dans l'ambiance allègre de la diversité dans l'investissement. Sources permanentes de la création de la richesse et de l'emploi. À cent dollars le baril, on avertissait de cela, les doigts dans les bretelles, à la manière du prêche dans le cours magistral, à l'intérieur d'un amphithéâtre conquis. Dans lequel les étudiants, toutes filières confondues, espèrent juste un poste de travail stable, bien rémunéré, logé de préférence, après l'obtention du diplôme. Parce qu'au TD il n'y a pas une quelconque réalité socioéconomique associée à leur apprentissage. Lorsqu'ils avalent les méandres de la mécanique de Descartes, de Leibnitz, les principes de la thermodynamique de Carnot, ou la théorie des quantas d'Einstein, ils ne reçoivent pas en même temps la visite d'un envoyé de quelque capitainerie d'industrie dans la construction mécanique, de l'électroménager et des divers appareillages d'utilité domestique ou professionnelle. Qui s'intéresserait au double intérêt de son entreprise et des perspectives de l'étudiant. Initié à la démarche industrieuse en cours. Et on reste dans la cigale et la fourmi parce que les «démarches industrieuses en cours» n'existent pas, autant que le capitaine d'industrie en Algérie n'a pas encore vu le jour. La fourmi demeure artificielle, tandis que la cigale a le loisir de chanter durant toutes les saisons. Les universitaires et les chercheurs de l'Université d'Es Senia ont relevé un défi de réalisation algérienne hors du commun, d'avoir réussi un prototype de drone. Dans un taux d'intégration appréciable par rapport à la Symbol dans le même environnement géographique. Les deux produits ne comportent pas le même nombre de postes industriels à prendre en charge, certes, mais l'intention avouée d'installer, petit à petit, une tradition de fabrication mécanique est beaucoup plus cohérente que le projet de la fabrication du drone. Non pas parce que la mise en œuvre algérienne de cet engin volant s'inscrit dans les urgences prioritaires, quand bien même son utilité dans plusieurs domaines d'intéressement dans le survol du territoire est prouvée, mais parce qu'il a été envisagé dans un cadre de management purement scientifique, en amont et en aval du projet. Ce n'est pas sur la base d'une décision politique, capable de faire regrouper autour de projet de grande sensibilité des instances humaines qui n'ont rien à voir avec la science et les paradigmes de la gestion des méthodes. On gagne tout à faire loger En principe, et selon la procédure rationnelle de la modernité, un projet industriel d'envergure qui impliquerait un grand devenir national, doit être mis, avant toute approche institutionnelle, bien avant les débats politiques et leurs retombées sur les intérêts commerciaux, entre les mains des hommes de sciences. Dans les facultés qui traitent des matières inhérentes à ce produit et de mettre la population des amphis et des salles de TD au défi d'en découdre avec les possibles technologiques de ce produit. Quitte à organiser des concours pour les meilleurs projets. De la façon traditionnelle pour les réalisations d'édifices lorsqu'on propose aux architectes sous la forme d'un challenge pour la meilleure maquette. Selon les normes de l'excellence, dans le rapport de la qualité par rapport au coût. Mais précisément, dans cette appréhension du manque à «rentrer» et du point de vue des grands déficits accumulés dans le génie industriel, il reste celui du Btph. Dans lequel, quelles que soient les contradictions, les «prouesses des Chinois», les passations occultes des marchés, les conflits pour le règlement des situations, l'accès aux crédits, la disponibilité irrégulière des matériaux, le manque d'encadrement technique et managérial, les Algériens possèdent une grande expérience et ils ont satisfait à d'immenses réalisations de sérieuse utilité. L'apport du Btph pour soutenir l'économie nationale est considérable. Ses activités sont, en gros, bien réparties dans le territoire – encore qu'il faille fortifier dans les régions montagneuses enclavées et dans les régions arides. Il existe, en Algérie, selon les estimations, plus de 35 000 petites et moyennes entreprises exerçant dans les domaines du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique. Cette manne est plausible si on se place sur la perspective de loger les citoyens. De leur bâtir les écoles et leurs lieux d'apprentissage, de commerce, de soin, de circulation, de culture et de loisir. Il a été question, il y a quelques temps, d'une opération de mise à niveau de l'entreprise du Btph afin de voir de quelle manière inciter les opérateurs à se mettre dans les normes internationales modernes. De sérier dans ce formidable lot d'entrepreneurs nationaux, les stades de compétence et de performances atteintes, donc capables de délégation de grandes charges de réalisation, créatrices d'emplois, permanents ou renouvelables. On n'en parle, paradoxalement, plus, aujourd'hui, où l'offre locale doit être examinée sous l'aspect de sa préciosité, compte tenu de la faiblesse des revenus actuels. Les parts d'importation dans les domaines de l'activité de la bâtisse et de l'aménagement des espaces, en milieu citadin ou rural, même en mer, ne sont pas budgétivores par rapport aux autres créneaux de l'activité nationale, publique ou privée, dans l'exercice de la transformation, par exemple, où quasiment tout est rapatrié, dans le vrac ou dans le container depuis des pays tiers. Autrement dit, pour rester dans le proverbe, et dans la situation de l'angoisse nationale, «Un tiens, vaut mieux que deux, tu l'auras» ou «Ched feshih», est on ne peut mieux imager pour dire qu'il y fort à compter et espérer du Btph, né chez-nous et grandi parmi nous. Les populations ne demandent pas les gratte-ciels verriers ou les complexes urbains au design sophistiqué, des îles artificielles au large de Skikda, Béjaïa, Béni Saf ou la Sablette à Alger, des bordjs mirifiques à Touggourt ou Ghardaïa. Les Algériens, au moins pour l'heure – et ils ont raison de dramatiser ou de s'en battre les flancs du moment qu'il n'y a que le pétrole qui joue – veulent s'accrocher au plus palpable, la structure qui fait mettre les citoyens chez-eux. Même dans le sens de «dari testar aari», on verra par la suite. N. B.