La nouvelle année en Libye s'ouvre sur une réunion «urgente» de la Ligue arabe au Caire, qui s'inquiète de la propagation du terrorisme à Tripoli quatre ans après la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi. «La réunion (d'aujourd'hui) sera consacrée à l'étude des dangereux développements que connaît la Libye et l'accroissement de la violence et des actes de terrorisme», a indiqué hier Ahmed Ben Helli, le secrétaire général adjoint de l'organisation panarabe dont le siège est au Caire. L'enlèvement de vingt chrétiens coptes égyptiens, ces derniers jours à Syrte, n'est pas étranger à cette soudaine mobilisation de la Ligue arabe, dont la voix ne porte pas plus loin que l'alarme d'une caserne des sapeurs-pompiers. Mais selon M. Helli, cette réunion urgente, alors que la situation en Libye est plus que chaotique depuis des mois, a pour objectif de réfléchir au meilleur moyen de contrer les attaques terroristes qui «ne visent plus seulement les individus (...), mais également les infrastructures économiques vitales qui représentent la richesse du peuple libyen, notamment les réservoirs de pétrole». Et voilà donc qui est dit : le pétrole. Cette ressource qui était aussi derrière le pseudo élan humaniste de l'Alliance atlantique qui assume en grande partie la responsabilité de ce chaos libyen. Sans l'intervention de l'Otan, le régime de l'ancien et défunt guide libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, n'aurait jamais plié devant la révolte populaire qui s'est déclenchée dans le sillage de ce qui est communément désigné par le qualificatif de «Printemps arabe». Toutefois et officiellement, la réunion d'aujourd'hui a été réclamée par le représentant permanent de la Libye à la Ligue arabe. La demande aurait reçu l'appui de l'Egypte et des Emirats arabes unis, les pays qui auraient été derrière les raids aériens de Tripoli contre la milice islamiste de Misrata Fajr Libya (Aube de la Libye) l'été dernier avant que ce mouvement ne prenne le contrôle de la capitale libyenne, à l'issue de plusieurs mois de combats contre la milice laïque de la puissante tribu de l'Ouest, les Zenten. Alors que les voix appelant à solution diplomatique de la crise libyenne demeurent inaudibles, en raison du refus des milices de déposer les armes, la Ligue arabe serait-elle sur les traces des partisans d'une nouvelle intervention militaire étrangère en Libye ? Il est difficile de se prononcer sur cette question, sachant que des membres de cette organisation, comme l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte, directement concernés par l'instabilité sur le sol libyen, sont en faveur d'une solution politique à ce conflit. Par ailleurs, une rencontre est prévue entre le Premier ministre, Abdallah el-Theni, du gouvernement de transition libyen, et l'ancien général Khelifa Haftar, chef de l'opération «al-Karama (La dignité)» à Benghazi, selon le journal londonien en langue arabe al-sharq al-awsat. L'ex-général dissident est pressenti pour occuper la tête du commandement de l'armée libyenne, selon la même source. Le Parlement de transition, qui siège à Tobrouk (Est) en raison de l'insécurité à Tripoli, s'apprête à nommer Khelifa Haftar à ce poste, car la menace terroriste de plus en plus grandissante d'Ansar al-charia, de Fajr Libya et d'autres groupuscules se disant alliés de l'Etat islamique en Libye, ne laisse vraiment pas davantage de marge de manœuvre pour les institutions libyennes élues et reconnues par la communauté internationale. L'éventuelle nomination de Khelifa Haftar, connu pour être proche de Washington, serait-elle la condition préalable pour obtenir l'aide nécessaire auprès des capitales occidentales ? La confusion régnant en Libye brouille toutes les pistes sur la solution à envisager pour un règlement définitif de cette guerre civile. L. M.