Merzak Meneceur Après la mise hors d'état de nuire vendredi en fin de journée des frères Kouachi, auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo qui a fait 12 morts, et de Amedy Coulibaly, assassin d'une policière municipale à Montrouge, et de 4 otages à l'hyper marché casher de la Porte de Vincennes, s'est fermée l'effroyable séquence vécue par la France depuis mercredi. Une séquence imposée par des terroristes agissant au nom d'un Islam qui est la négation du message et des valeurs de l'Islam. L'Etat de droit et son bras armé, police, gendarmerie et armée, ont vaincu. La population, toutes tendances politiques confondues, de toutes les confessions religieuses, s'est mobilisée dans la dignité de manière spontanée et impressionnante pour condamner les crimes et défendre la démocratie et la liberté d'expression. L'Etat de droit a vaincu. Ce qui ne signifie pas que la France en a fini avec les menaces terroristes. Elle demeure une des cibles privilégiées du Daech et d'Al-Qaïda. C'est ce qu'a dit, vendredi soir, le président François Hollande à ses concitoyens dans sa deuxième intervention télévisée solennelle en 48 heures. Dans un message d'«unité» et de «mobilisation» il a attiré l'attention sur le fait que la France «n'en a pas terminé avec les menaces dont elle est la cible». En même temps, il a demandé aux Français à ne «faire aucun amalgame, refuser toute facilité, écarter toute surenchère» car «ceux qui ont commis ces actes, ces illuminés, ces fanatiques, n'ont rien à voir avec la religion musulmane». C'est en raison de l'existence de nouvelles menaces terroristes que la France n'entend pas baisser la garde. «Nous sommes, compte tenu du contexte, exposés à des risques», a reconnu le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à l'issue d'un Conseil de crise tenu samedi matin au palais de l'Elysée. Pour faire face à ces risques, il a été décidé de maintenir et de renforcer le plan de sécurité Vigipirate à son niveau maximum. Le nombre de militaires mobilisés dans la région parisienne passe aujourd'hui dimanche de 850 à 1 100 pour assurer la protection des institutions, des lieux de cultes, les grands magasins et les transports, métro, gares et aéroports. Il y aussi à assurer la sécurité de la grande marche Républicaine de cet après-midi de la Place de la République à la Place de la Nation qui devrait voir la participation de centaines de milliers de personnes. De nationale, cette marche, de défense des valeurs de la République sans précédent, est devenue européenne pour prendre finalement une dimension internationale. Dans un premier temps, Hollande, qui sera à la tête du cortège, a adressé des invitations à ses collègues européens qui ont répondu favorablement à son initiative. Pas moins de quinze chefs d'Etat et de gouvernement défileront à ses côtés dont la chancelière allemande, Angela Merkel, le président du Conseil italien, Mattéo Renzi, le Premier ministre britannique, David Cameron, le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, et le président ukrainien, Petro Porochenko. La dimension internationale a été prise avec l'annonce de la présence des présidents africains du Mali, Ibrahim Boubakar Keïta, et du Niger, Mahamadou Issoufou, du président du gouvernement provisoire tunisien, Mehdi Jomaa, de la participation des Etats-Unis avec le ministre de la Justice, Eric Holder, et du Canada, avec le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney. On annonce aussi la présence des responsables de l'Union européenne et de la Ligue arabe, notamment. Avant cette grande manifestation qui s'annonce comme le point d'orgue de la grande mobilisation du peuple de France contre le terrorisme et de la solidarité internationale dont il a bénéficié, Paris accueille ce matin une «Réunion européenne et internationale sur la lutte contre le terrorisme». Cette réunion regroupera les ministres de l'Intérieur de douze pays européens ainsi que le ministre de la Justice et le vice-ministre de l'Intérieur des Etats-Unis. Son objet est l'échange d'informations et la coordination aux réponses au défi qu'adresse le terrorisme. Elle sera conclue par une déclaration commune. M. M.