La facture des importations de l'Algérie continue à suivre une courbe ascendante. En effet, sur les 11 premiers mois de 2014 les achats de l'Algérie (toutes marchandises confondues) provenant des marchés internationaux ont totalisé 53,29 milliards de dollars. Sur l'année 2014, les Douanes tablent sur des importations de l'ordre de 59 milliards de dollars. En 2013, les importations algériennes, ont été estimées à 4 354,6 milliards DA (environ 54,85 milliards de dollars) contre 3 907 milliards DA en 2012, en hausse de 11,5%. Ainsi, pour contenir la facture des importations, voire même réguler l'activité d'importation de marchandises, les pouvoirs publics ont mis en œuvre moult mécanismes à l'effet d'encourager la production nationale. Recadrage du Credoc (crédit documentaire) au profit de l'économie nationale, institution de barrières non tarifaires à l'importation..., sont autant de mesures prises par les pouvoirs publics afin d'encadrer l'activité d'importation, sans toutefois atteindre l'objectif assigné. Selon les organisations patronales et les chefs d'entreprise, soutenir la production nationale demeure la seule solution «si on veut freiner la frénésie des importations tous azimuts». L'ex-président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Reda Hamiani avait suggéré de «fiscaliser» les importations et élargir les listes négatives soumises aux partenaires commerciaux de l'Algérie pour tenter de limiter les importations. Abdelaziz M'henni, le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), souhaite, lui, qu'il y ait une décision responsable pour diminuer les importations. La Cipa appelle ainsi pour «une importation utile». «Il faudrait avoir une certaine régularité dans le système du commerce extérieur comme il est impératif que nos recettes en devises n'en soient pas affectées», a-t-il précisé. Mais pour Abdelaziz M'henni, une telle démarche ne peut suffire. «Il est temps de redresser la barre et de mettre à niveau les entreprises nationales pour faire face à la crise engendrée par la baisse des prix du pétrole», recommande-t-il. Selon lui, il faudrait saisir «l'occasion» de la baisse des cours du pétrole pour encourager la promotion de la production nationale. Il faut signaler que durant le précédent quinquennal, les pouvoirs publics n'ont cessé d'afficher leur ferme volonté de promouvoir la production nationale en lançant des réformes structurelles. Des réformes qui sont toutefois restées vaines. Abdesselam Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines, veut aujourd'hui changer les choses. Selon lui, dans cette conjoncture, en l'occurrence la baisse des cours du baril, il y a urgence d'«accélérer les réformes», mais aussi «les décisions politiques» liées à la mise en œuvre du prochain plan quinquennal 2015-2019. Le ministre assure, en ce sens, que «la conjoncture» contraint à «repenser, revisiter, voire revoir toutes les politiques» relatives à la promotion de la production nationale, en substitution à l'importation. Il considère, à ce titre, qu'il est «impératif de trouver immédiatement des solutions» pour promouvoir la production nationale concrètement et dans le cadre de la concertation permanente avec les partenaires socioéconomiques. Le bal est ainsi ouvert par le secteur de l'habitat. En effet, des instructions ont été données aux directeurs du logement, des équipements publics, des Offices de promotion et de gestion immobilière (Opgi) et autres, pour limiter tout recours à l'importation des matériaux de construction (céramique, sanitaires, quincaillerie, plastique, menuiserie et autres) car fabriqués localement en quantité et qualité. Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, veut ainsi promouvoir le produit local entrant dans la réalisation des logements et équipements publics. Le premier responsable du secteur a rappelé que des entreprises de réalisation attributaires de projets de logements et d'équipements publics continuent d'utiliser des produits d'importation sans que les maîtres d'ouvrage n'exigent l'emploi de produits de fabrication nationale. À signaler que plus de 30% des produits (faïence, dalle de sol, plinthes, sanitaires, portes, quincaillerie, éviers de cuisine et autres) sont importés alors qu'ils sont fabriqués localement. Une telle démarche devrait être suivie dans tous les secteurs pour promouvoir le label «made in Algeria». B. A.