Il faut davantage de dispositions pour améliorer la prise en charge de ces déchets à l'échelle de tout le pays. Une étude nationale sur la gestion des déchets a été élaborée dans le but d'affiner les données sur les déchets d'activités de soins à risque infectieux (DASRI) par hôpital, wilaya et national. Cela permettra de faire une évaluation quantitative et qualitative des différents déchets générés par les établissements hospitaliers publics. Ses objectifs visaient également l'évaluation du niveau des connaissances et des pratiques des équipes médicales et soignantes, du personnel administratif et des agents de service. Dans un autre volet, elle évalue aussi les installations intra-hospitalières, le matériel en place pour la gestion de ces déchets. Cette étude nationale, présentée lors de la 4e journée régionale paramédicale organisée à Aïn Defla, s'est déroulée sur instruction ministérielle du 16/09 au 10/10/2006 dans 95 établissements hospitaliers à travers 47 wilayas du pays et a été menée par 75 enquêteurs et 15 superviseurs. Le questionnaire utilisé a été établie par le bureau d'études AC'SEES - Paris, sur la base des études déjà réalisées dans les hôpitaux français. Les résultats présentés signalent une méconnaissance totale des conditionnements adoptés à la production des déchets d'activités de soins à risque infectieux (DASRI). Dans la majorité des établissements ayant fait l'objet de cette étude, l'absence de collecteurs a été signalée. Les femmes de ménage et autres agents sont confrontés aux accidents d'exposition de sang (AES). Le conditionnement des DASRI n'obéit pas aux normes puisque cette étude nationale signale que, dans 45% des cas, les sacs contenant ce type de déchets sont ouverts, dans 25% des cas les enquêteurs n'ont pas trouvé de support pour les sacs alors que, dans d'autres cas, il est fait état de la présence de poubelles en plastique, en papier, de cartons et bidons récupérés qui sont utilisés pour la collecte de ces déchets. Une absence totale de protocole de tri des DASRI est aussi signalée. Concernant l'évaluation des infrastructures et des équipements ayant une relation avec ce genre de déchets, les résultats précisent qu'ils sont inadéquats et obsolètes, d'autant qu'ils ne sont pas conçus dans l'optique de l'hygiène. Cette étude nationale qui dresse un tableau sombre de la prise en charge des déchets d'activité de soins à risque infectieux et tire entre autres la sonnette d'alarme pour que des dispositions urgentes soient prises, relate le manque de matériel de stockage et de transport, l'absence de plate-forme centralisée pour regrouper les déchets. Dans ce volet, les chiffres disent que 70% des hôpitaux n'ont pas de locaux de stockage intermédiaire dans les services, 45% n'ont ni locaux de stockage dans les services ni en dehors de ces services. Pour ce qui des lieux de stockage, on trouve que, dans 42% des cas, le stockage se fait dans les salles de soins, 8% dans les couloirs, 39% dans les sanitaires ou derrière les portes, sous les escaliers et sur le rebord des fenêtres. Cette étude souligne également que plus de 70% des établissements n'ont pas de monte-charge fonctionnels, 40% n'ont pas d'ascenseurs opérationnels et 65% disposent d'escaliers sans rampe. La collecte des DASRI du service producteur à une zone externe se fait de la manière suivante : 68% traînent les sacs à la main, 32% dans de petits chariots roulants, 13% dans des conteneurs tractables et 5% dans des camions multiservices, tracteurs, brouettes, triporteurs, etc. Le plus inquiétant aussi dans cette étude est que 70% des établissements au niveau national n'ont pas de zone de regroupement centrale déclarée pour les déchets d'activités de soins (DAS) et pour l'autre type de déchets, celui des DASRI. Concernant l'incinération qui est obligatoire pour ce genre de déchet, les résultats de l'étude nationale indiquent la présence d'équipements obsolètes, souvent en panne et polluants pour les patients, le personnel et les riverains. Pour les enquêteurs, ces équipements sont nuisibles pour l'environnement, alors que dans 70% des cas les agents en charge de l'incinérateur ou du brûleur ne disposent pas de tenues et d'accessoires de sécurité réglementaires. Les enquêteurs affirment aussi que, dans 47% des cas, les déchets brûlés sont tels qu'ils sont encore identifiables et, dans 60% des cas, ils sont jetés dans les décharges publiques malgré leur toxicité. Cette étude nationale a préconisé de prendre de nombreuses dispositions dans le but de remédier à cette situation dans les établissements de santé au niveau national afin d'améliorer la prise en charge des déchets pouvant influer considérablement sur la santé des patients, du personnel médical et de l'environnement en général, sachant que la production nationale globale de ces déchets dépasse largement 10 000 tonnes/an. M. A.