De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine Les hôpitaux génèrent des déchets spécifiques et dangereux dont tout le monde reconnaît la gravité pour le personnel médical et l'environnement. Des dispositions ont été prises à travers l'ensemble des hôpitaux du pays pour s'occuper de ces déchets qui ne cessent d'inquiéter les décideurs et les services de protection de l'environnement. A Aïn Defla, les déchets hospitaliers subissent une classification, prenant en compte les risques d'infection. Certains sont comparables aux ordures ménagères et ne nécessitent pas de mesures particulières de prévention. Il s'agit de déchets provenant de la cantine, de l'administration et des ateliers. Ils n'exigent aucune mesure particulière pour leur évacuation à l'extérieur. Les déchets spécifiques contiennent du sang, des sécrétions ou des excréments responsables de la propagation des agents pathogènes au sein de l'hôpital. En revanche, leur collecte et leur transport à l'intérieur de l'hôpital doivent respecter les règles d'hygiène. Les déchets contaminés, en provenance des services des infections ou de dialyse, des laboratoires et autres, doivent obéir à des règles strictes lors de leur élimination. Les déchets spéciaux et radioactifs composés d'organes et de membres, de produits chimiques toxiques et de liquides inflammables nécessitent une traitement spécial. Au niveau de l'hôpital d'Aïn Defla, qui possède une capacité de 325 lits, la collecte sélective des déchets, mis dans des sachets de couleur différente, est assurée. Les déchets ménagers sont placés dans des caissons de 5 m3, les aiguilles sont mises dans des récipients en plastique de 600 aiguilles, les déchets septiques sont placés dans des boîtes hermétiques en carton jetable pour être acheminés vers l'incinérateur, le seul fonctionnel parmi les 3 existants. L'un a une capacité de 12 kg/h et l'autre de 68 kg/h. Les cendres de l'incinération se mélangent avec les ordures ménagères dans les caissons. La quantité de déchets générés au niveau de cet hôpital est de 125 kg/j, selon les services concernés. Les déchets ménagers sont de l'ordre de 20 kg/j. Les déchets en provenance des praticiens privés au niveau de la commune d'Aïn Defla, selon le même rapport, ne subissent pas de tri. Les déchets d'activité de soins à risque infectieux (DASRI) sont mélangés avec les déchets assimilés aux ordures ménagères (DAOM) et sont acheminés vers un point de groupement. D'après les estimations des services concernés, 26,7 kg/j sont générés par les praticiens privés du chef-lieu de la wilaya, soit 0,5 à 0,6 kg/praticien/j en moyenne. Par ailleurs, on indique qu'à part l'hôpital d'Aïn Defla, les centres de santé et les salles de soins relevant de cet hôpital ont procédé un certain temps à l'élimination anarchique des déchets qui étaient brûlés dans les décharges. Les rédacteurs de ce rapport, des spécialistes en la matière, prévoient de centraliser le service et la gestion des différentes sources de déchets (salles de soins et autres) pour évacuer les déchets vers l'incinérateur. Par ailleurs, des dispositions seront prises pour l'acquisition d'un camion de transport des déchets permettant de collecter l'ensemble des déchets à travers les infrastructures sanitaires pour y être incinérés au niveau de cet hôpital. En somme, il semble qu'il reste encore beaucoup à faire pour prendre en charge convenablement le volet hygiène dans les hôpitaux de la wilaya. Nous avons constaté quelques insuffisances pourtant faciles à prendre en charge. La mobilisation du personnel médical et la mise en place de dispositions visant à donner plus d'attention aux déchets hospitaliers, sont plus que nécessaires puisqu'on continue d'entendre ici et là que des citoyens qui viennent se soigner pour une maladie se retrouvent à leur sortie de ces établissements atteints d'une autre maladie. Une attention particulière doit être accordée à l'incinération des déchets selon les normes requises, d'autant queles insinérateurs qui datent des années 1980, à l'image de celui existant au niveau de l'hôpital du chef-lieu de la wilaya, ne peuvent s'adapter aux nouvelles normes en matière de protection de l'environnement. De plus, la localisation de ces moyens d'élimination en fonction du tissu urbain doit obéir à certaines règles. Des études faites à l'étranger viennent de démontrer que, quelle que soit la performance du filtre, il est important d'éloigner les incinérateurs et d'opter pour la régionalisation de leur implantation dans le but de réduire leur nombre et leur impact. M. A. Textes réglementaires régissant la gestion des déchets hospitaliers en Algérie Les déchets hospitaliers en Algérie obéissent à une batterie de lois et de décrets établis depuis un certain temps dans le but de veiller à leur prise en charge conformément aux mesures de protection de l'environnement. Il est utile dans ce cadre de les citer. Il s'agit de la loi n° 85-05 du 16-02-1985 relative à la protection de la santé, de la loi n° 01-19 du 12-12-2001 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets et de la loi n° 03-10 du 19-07-2003 relative à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable. Pour ce qui est des décrets, les services concernés se basent sur le décret exécutif n° 03-478 du 09-11-2003 définissant les modalités de gestion des déchets de soins, le décret exécutif n° 91-05 du 19-01-1991 relatif aux prescriptions générales de protection applicables en matière d'hygiène et de sécurité en milieu de travail ainsi que d'autres textes et instructions internes du ministère de la Santé. La gestion des déchets est mentionnée clairement dans la loi n° 90-08 du 07-04-1990 relative à la commune qui stipule dans l'article 13 que les déchets contaminés sont éliminés par les moyens propres aux établissements hospitaliers et centres de soins et à leurs frais par incinération. Il est à noter que la réglementation dans ce domaine évolue au fur et à mesure que les recherches menées par les scientifiques indiquent de nouvelles dispositions à prendre pour mieux gérer ces déchets.