âgée de 96 ans, mère de 5 enfants et plusieurs fois grand-mère, elle a toujours vécu en Algérie, son pays de cœur, de combat anticolonial et de luttes inlassables en faveur des plus démunis. Née à Rouen en 1919, communiste de précoce conviction, institutrice près de Tlemcen de 1948 à 1955 ; agent de liaison des commandos d'Alger en 1956 ; emprisonnée, condamnée à mort en 1957 comme son mari Abdelkader Guerroudj. A Négrier qui portait bien son nom, les paysans pauvres et sans terre étaient écrasés sous le joug colonial. Elle racontait alors : «Mon entourage était essentiellement communiste, ce n'était pas le hasard (...). J'étais d'accord avec l'analyse faite par mes futurs camarades qui, contrairement à ce qu'on dit souvent, posaient l'indépendance de l'Algérie comme condition préalable à toute amélioration de la situation. J'étais d'accord aussi avec l'attention qu'ils portaient aux conditions de vie des plus défavorisés et j'appréciais la lutte constante et efficace qu'ils menaient à leur côté. Au contact des paysans, j'ai beaucoup appris de la vie à Tlemcen, c'était la période la plus féconde de mon existence». Dès le déclenchement de la guerre d'indépendance, elle rejoint - avec son mari Abdelkader et sa fille Djamila - les Combattants de la libération (CDL) créés par le Parti communiste algérien. Puis elle poursuivra son combat dans l'ALN, après les accords PCA-FLN de 1956. Arrêtée en 1957 en pleine Bataille d'Alger, elle sera condamnée à mort en même temps que Fernand Yveton, qui sera exécuté. La levée du corps se fera à 13 heures à partir de son domicile d'Alger-Centre, situé entre la rue Trolard et le boulevard Krim Belkacem au Telemly.