Kamel Amghar S'improviser gardien de voitures est une activité irrégulière très courante à travers tout le territoire et dans les villes et les localités de la wilaya de Béjaïa. Des groupes de jeunes sans emploi ou des riverains également chômeurs, s'autoproclamant parkingueurs, occupent illégalement les lieux et imposent «gentiment» leur loi aux usagers. Dans les quartiers populaires, à proximités des administrations publiques ou au beau milieu de la ville, le moindre espace vide est exploité à cet effet. En l'absence de parkings dûment équipés, les automobilistes sont presque contraints de se ranger dans ces aires de stationnement «clandestines». Sans badges ni signalétique appropriée (horaires de service, ticketerie...), ces surveillants occasionnels, sourire aux lèvres, exigent 50 à 100 dinars la place. Il faut dire que les tarifs ont connu plusieurs hausses suivant la courbe ascendante du pouvoir d'achat. Quand l'usager se montre récalcitrant ou demande à voir les autorisations nécessaires, il arrive que les concernés affichent un air méchant ou recourent carrément à la menace pour faire payer l'indocile. Beaucoup d'automobilistes regrettent cette situation et qualifient l'exercice de racket. Depuis plusieurs années, les autorités et les services de l'ordre public se promettent d'y remédier à travers la régularisation de cette activité et la construction de parkings étagés dans les villes, mais concrètement rien n'a été fait à ce jour. Au début, en réponse aux plaintes des automobilistes, la police intervenait partout pour disperser ces groupes sans faire de vague. Mais au fil du temps, l'activité s'est comme banalisée et a même finie par être tolérée. Aujourd'hui, un peu partout à travers la wilaya, ces parkingueurs imposent leur présence discrète dans le tissu urbain. On doit dire que la faute incombe, en grande partie, aux pouvoirs publics qui n'ont pas su accompagner le boom automobile. À partir des années 2000, le parc automobile de la wilaya s'est démultiplié. Ce problème de la motorisation galopante, qui se posait dans un premier temps aux grandes villes, s'est vite étendu aux petites agglomérations. L'étroitesse des ruelles et l'absence de parkings entretiennent cette situation, qui met les nerfs de tout le monde à rude épreuve. Tous les espaces sont constamment occupés. A même la chaussée, sur les trottoirs, sur les petites placettes publiques, à proximité des administrations, dans les cités résidentielles, le moindre interstice est exploité par des conducteurs presser se «caser». L'impréparation urbaine à cette popularisation de l'auto est manifeste. Evidemment, toutes les autres villes de la wilaya rencontrent chaque jour les mêmes difficultés. Les mêmes carences sont omniprésentes dans tous les chefs-lieux. L'aménagement de parkings se pose partout en urgence. Ni les APC, ni les particuliers ne jugent, du moins pour le moment, opportun de répondre à cette forte demande à travers l'ouverture d'espaces gardés à cet effet. A l'évidence, la question ne peut être réduite à une simple routine policière. Le problème est beaucoup plus profond. Pour interdire franchement cela, on doit donner des solutions de rechange. Or, pour le moment, rien ne pointe à l'horizon et la police a, bien sûr, d'autres missions urgentes à remplir. A un moment donné, le ministère de l'Intérieur avait instruit les collectivités locales pour créer des coopératives dans ce sens avec un cahier des charges strict. L'exiguïté des espaces exploités et le manque d'assiettes foncières vacantes n'ont pas facilité l'émergence de promoteurs dans ce créneau où la demande de service est très forte. Au final, il s'agit d'un problème d'aménagement urbain qu'il va falloir rectifier, tôt ou tard. K. A.