Malik Boumati Combien de milliards de dinars sont-ils engloutis annuellement dans l'organisation de festivals sur le territoire national ? La réponse se trouve dans les tiroirs du ministère de la Culture qui, comme beaucoup d'institutions publiques, n'aime pas trop communiquer sur ce sujet «tabou». Mais passons et disons que des sommes colossales sont dépensées dans des activités que l'on appelle faussement «festivals» alors qu'elles ne sont pas nécessairement justifiées, vu la qualité de ce qui est produit et proposé. La ministre de la Culture, Mme Nadia Labidi, a déclaré récemment vouloir faire le ménage, notamment autour des dépenses superflues qui gangrènent les festivals. Et c'est tant mieux, mais cette mesure sera-t-elle circonscrite aux festivals ou va-t-elle toucher toutes les activités budgétivores qui n'apportent pas grand-chose à la culture ? La ministre de la Culture a-t-elle l'intention de rationnaliser les dépenses uniquement dans l'organisation des festivals ou compte-t-elle élargir cette mesure à d'autres actions, notamment celles subventionnées ou carrément financées par les pouvoirs publics, comme ces films de piètre qualité ou d'autres que les Algériens n'ont pas eu «la chance» de regarder dans les salles de cinéma ? Il faut dire qu'avant l'arrivée de Nadia Labidi à la tête du département de la culture, beaucoup d'argent a été dépensé dans des «œuvres» artistiques et culturelles qui ont à peine été projetées deux ou trois fois, avant qu'elles ne finissent dans les archives. De l'argent qui aurait pu être placé dans des activités plus utiles et qui bénéficieraient au plus grand nombre d'Algériens. Le théâtre n'est pas épargné par cette tendance dépensière pour des productions médiocres, faisant que la politique financière du secteur de la culture est une succession de gaspillages qui fait très mal non seulement au contribuable, mais aussi à tous ces artistes et hommes de culture qui n'ont pas eu la chance de recevoir des aides alors que leurs œuvres étaient plus intéressantes. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, les festivals se suivent et se ressemblent. Certains passent inaperçus car ils sont tout simplement boudés par le public. Il faut bien préciser qu'il s'agit du public de la ville de Tizi Ouzou car celui des autres localités de la wilaya n'a pas la chance d'assister à des activités culturelles, aussi médiocres soient-elles. Mais d'autres festivals coûtent beaucoup d'argent, trop d'argent pour des résultats en deçà des espérances, même s'ils arrivent à attirer la curiosité d'une partie du public de la ville des genêts. C'est le cas du festival arabo-africain de danse folklorique qui, après huit éditions hyper médiatisées, n'arrive pas à «rentabiliser culturellement» les milliards de centimes qu'il engloutit à chaque saison estivale. Parce que pour les organisateurs de cette manifestation culturelle, il s'agit d'une activité qui commence le jour de l'ouverture et se termine le jour de clôture. Il n'y a donc ni un avant-festival, ni un après-festival et encore moins cette dynamique culturelle que tout festival doit créer dans la région qui l'abrite. Dans cette région où les villageois ont rarement, très rarement l'occasion d'accueillir des activités culturelles qui animeraient leurs villages accrochés aux montagnes. À ce titre, la ministre de la Culture serait bien inspirée de réduire les budgets de ce genre de festivals pour en créer d'autres de moindre envergure, mais qui seraient accueillis dans ces localités éloignées, enclavées et privées d'animation culturelle et artistique. M. B.