Le Front Polisario ne cesse de dénoncer le pillage systématique des richesses naturelles dans les territoires occupés par le Maroc. Le Président sahraoui a saisi, hier, le Conseil de Sécurité de l'ONU en vue de mettre fin à l'exploration pétrolière menée présentement par la Compagnie américaine Kosmos Energy au large du Sahara occidental. «Nous considérons que les travaux de forage en cours de Kosmos Energy au large des côtes du Sahara occidental occupé, constituent une provocation et une menace pour la paix et la stabilité au Sahara occidental et dans toute la région du Maghreb arabe», note le président Mohamed Abdelaziz dans sa lettre au Secrétaire général de l'ONU. Bien que «débouté» à plusieurs reprises sur cette question précise, le royaume du Maroc s'entête et continue d'exploiter illicitement toutes les potentialités de ce territoire occupé depuis 1975. En effet, des études indépendantes montrent que plus de 10% des exportations marocaines de phosphate et plus de la moitié de ses exportations de poissons proviennent du Sahara occidental. Les statistiques parlent de plus de 1 700 000 tonnes de phosphate extraites illicitement chaque année du Sahara occidental, et près de 306 millions de tonnes de poissons pêchées et exportées. Les observateurs estiment que tous les revenus tirés servent à entretenir une armée d'occupation, forte de 160 000 soldats. Au début des années 2000, le royaume avait également conclu des accords de pêche avec les pays de l'Union européenne incluant l'exploitation des ressources halieutiques dans les territoires sahraouis. Les incessantes protestations du Polisario et des opinions publiques européennes ont amené l'UE à revoir sa copie et à reculer. Début 2010, le service juridique du Parlement européen avait reconnu dans un avis juridique que «la pêche des navires européens dans les eaux territoriales du Sahara occidental représente une violation du droit international». Plus grave encore, cet avis confirme que «la population sahraouie n'a jamais reçu de contrepartie pour l'exploitation de ses propres et riches ressources halieutiques». Et, l'accord ne fut plus reconduit au grand dam des autorités marocaines. Au mois d'octobre de l'année dernière, la presse internationale a divulgué une sombre affaire de 3 000 tonnes de phosphate offert par l'Agence marocaine de coopération internationale au Panama afin de convaincre ce petit pays d'Amérique latine de ne pas rétablir ses relations avec le Polisario. Les 156 conteneurs de fertilisants, extraits des gisements de Bou Crâa dans les territoires occupés, seraient en souffrance dans un port panaméen suite à l'élection, entre-temps, de Juan Carlos Varela à la présidence du Panama. On a jugé, alors, que le Maroc avait voulu «acheter» en catimini le ralliement du Panama à ses thèses contre quelques containers de phosphate volé. Les textes fondateurs de l'ONU interdisent formellement le pillage des ressources des pays colonisés. L'instance onusienne et son Conseil de sécurité ne peuvent se soustraire longtemps à leur mission dans ce sens. Le Maroc doit-être fermement rappelé à l'ordre sur ce dossier, en attendant le référendum d'auto-détermination du peuple sahraoui pour trancher définitivement le conflit. Les pays importateurs de ces richesses volées ont aussi des obligations morales à respecter. Il convient aussi de leur rappeler leurs responsabilités. K. A.