La brouille entre l'Egypte et le Qatar a été accentuée après l'intervention de l'aviation égyptienne contre le groupe Daech en Libye. Un pays où l'organisation djihadiste a renforcé son influence en s'emparant de l'université de Syrte. Après l'exécution filmée de 21 chrétiens, en grande majorité des Egyptiens, revendiquée par la branche libyenne de l'Etat islamique, l'Egypte a réagi en bombardant des positions djihadistes en Libye. Une intervention qui a provoqué moult controverses. Le Caire dit défendre sa sécurité et celle de ces citoyens réclame une «intervention militaire internationale» dans ce pays voisin en proie au chaos depuis l'intervention de l'Otan. Le Qatar avait critiqué une «action militaire unilatérale» de l'Egypte qui a agi sans consultation d'organisations ou de pays tiers. Le délégué égyptien à la Ligue arabe a promptement répondu en accusant sèchement Doha de «soutenir le terrorisme». Ce qui n'a pas été du gout du Qatar qui a aussitôt rappelé son ambassadeur au Caire. Les cinq autres monarchies du Golfe se sont d'abord rangées du côté de Doha face aux accusations du Caire, avant de reconsidérer ce soutien appuyant de nouveau l'Egypte et son Président. Les monarchies du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, avaient soutenu le chef d'Etat égyptien Abdel Fattah al-Sissi après le coup de force et la destitution en 2013 du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans. Le Qatar a même été accusé de soutenir les Frères musulmans abhorrés en Arabie saoudite et aux Emirats. Pourtant, les dernières semaines avant l'intervention de l'Egypte en Libye les relations se sont quelque peu raffermies entre Le Caire et Doha. Après des mois de tensions entre les deux pays, le Qatar avait finalement apporté un semblant de soutien à Sissi. La nouvelle controverse entre l'Egypte et le Qatar illustre le désaccord, d'abord dans le monde arabe, sur la question libyenne. La Libye reste morcelée et livrée au règne des milices rivales. Deux gouvernements parallèles s'y disputent le pouvoir. Mercredi, devant le Conseil de sécurité, le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohammed al-Dairi, a demandé à l'ONU de lever l'embargo sur les armes imposé à son pays. Plusieurs membres du Conseil de sécurité, dont la Russie, sont réticents à lever l'embargo imposé depuis 2011, invoquant le risque de voir des armes «tomber entre de mauvaises mains». Le représentant de l'ONU en Libye, Bernardino Leon, a dit «espérer qu'un accord politique pourra être trouvé bientôt». Un espoir partagé par l'Algérie qui œuvre pour un règlement politique d'une crise multidimensionnelle. L'ancien dignitaire du régime de Kadhafi, Ahmed Kadhaf al-Dam, a, lors d'une interview au journal El Khabar estimé que parmi les acteurs en présence c'est bien «l'Algérie qui est capable de faire la bonne évaluation et comprendre ce qui se passe en Libye». M. B./Agences