Samir Ould Ali Depuis mai 2013, date de son lancement officiel, le tramway est, sans doute, devenu le moyen de transport collectif le plus apprécié des Oranais : la régularité des navettes, le calme à l'intérieur des rames et la sécurité lors de déplacements à travers les 18,7 km (de Hai Sabbah à Sénia via 32 stations) compensent le prix du ticket (50 DA) et changent agréablement de l'anarchie et l'insécurité qui règnent sur les autres transports collectifs, notamment les bus relevant du secteur privé qui cristallisent quasiment l'ensemble des infractions recensées par le code de la route : «Il est très agréable de prendre le tramway même s'il faut plus d'une heure pour rallier les deux terminus», confirme une Oranaise qui fait quotidiennement la navette entre Sénia où elle réside et l'Usto où elle travaille pour une agence de communication. 6,5 millions de voyageurs au lieu des 88 millions annoncés Comme cette secrétaire, 13 millions d'usagers ont composté leurs billets, entre 2013 et 2014, sur l'ensemble des 40 millions de voyageurs enregistrés par la Setram (Société d'exploitation et de maintenance des tramways) pour les trois tramways d'Oran, Alger et Constantine. Un bilan appréciable même s'il reste très éloigné des 88 millions de voyageurs annuels annoncés au départ, lorsque les initiateurs du mégaprojet avaient présenté leur étude aux Oranais. «Personne ne croit que le tramway atteindra ce chiffre», nous dit en souriant un travailleur de la Setram-Oran en sous-entendant une exagération volontaire pour «mieux faire passer la pilule». À moins que le nombre ne concerne, en fait, tous les tramways d'Algérie dans leur exploitation optimale (y compris ceux à réaliser dans les wilayas de Sidi Bel Abbès, Mostaganem, Ouargla, Sétif, Batna...). Mais cela n'a jamais été précisé : «Il est impossible que le tram transporte 88 millions de passagers par an. D'une part parce qu'il existe d'autres modes de transport, mais aussi parce qu'Oran est une ville moyenne en termes de population», explique encore notre interlocuteur qui souligne, dans la foulée, les différentes perturbations que Setram a subies en deux années en raison des mouvements de grève de ses propres travailleurs, des manifestations de populations (notamment les mal-logés) qui se mettent sur les rails, des accidents de la circulation ou encore des intempéries. Conflit social Depuis quelques mois, les agents de sécurité de la Setram-Oran observent régulièrement des mouvements de grève pour protester contre ce qu'ils considèrent comme un déni de droit. La direction a, en effet, décidé de «manière unilatérale» de substituer à leurs contrats de travail à durée déterminée (CDI) des contrats à durée indéterminée (CDI), mais à temps partiel. Autrement dit, les agents seront titularisés, mais devront travailler à mi-temps pour la moitié de leur salaire actuel. Ce qui est ressenti par les concernés et leur unité syndicale comme une mesure aussi injuste envers le travailleur qu'injustifiée compte tenu de la situation qui exige la présence permanente des agents de sécurité sur la centaine de carrefours que le tram doit emprunter pour traverser Oran. Or, les 269 agents de Setram travaillent 48 heures au lieu de 40 et la société a aussi recours à la sous-traitance privée, précise la section syndicale qui a déposé un préavis de grève en début de semaine. À moins d'un règlement satisfaisant du conflit qui, rappelle-t-on, traîne depuis quelque six mois, les travailleurs menacent de recourir à une grève illimitée... S. O. A