En visite de travail de deux jours, en Algérie, les 19 et 20 avril, Le secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, a rendu, hier, un hommage aux victimes algériennes de Sétif, 70 ans après le massacre qui a fait quelque 45 000 morts, et incisé la mémoire collective algérienne. C'est la première visite d'un officiel français, qui intervient quelques jours avant la célébration des événements du 8 mai 1945. Accompagné du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, M. Todeschini a déposé une gerbe de fleurs, devant le mausolée de la première victime, Saal Bouzid qui a été abattu de plusieurs rafales. Ce jour-là, alors que la France célébrait la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie, les festivités tournèrent au drame à Sétif, Guelma et Kherrata. Jean-Marc Todeschini a déclaré avoir débuté son «voyage mémoriel en Algérie par Sétif, en cette année du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, au nom de l'amitié Franco-algérienne». Il a indiqué que ce geste est «la traduction des propos tenus par le président de la République (François Hollande), devant le Parlement algérien en décembre 2012», qui avait déclaré devant les parlementaires algériens reconnaître et condamner les massacres du 8 mai 45 en Algérie et pousser les autorités françaises à reconnaître ces crimes de Guelma et Kherrata qui «demeurent ancrés dans la conscience des Algériens, mais aussi des Français». Le secrétaire d'Etat a affirmé que cette visite s'inscrit «dans une démarche d'amitié, de respect et dans le souci de continuer à appréhender notre mémoire commune de manière apaisée». La visite de M. Todeschini, qui intervient quelques jours seulement après celle du président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées, du Sénat français, Jean-Pierre Raffarin, traduit la volonté des autorités françaises d'ouvrir une nouvelle page dans l'histoire des deux nations, liées par un passé commun. Elle constitue un autre pas de la France vers la reconnaissance des atrocités et crimes commis contre le peuple algérien durant les très longues et dures années de colonisation. Rappelons que du côté algérien des associations de défense des droits de l'Homme, la société civile, les anciens combattants et les autorités officielles ne cessent d'exiger de la France de reconnaître et condamner les massacres du 8 mai 1945. Les autorités françaises sont aussi interpellées pour qualifier ces crimes de génocide, et exprimer publiquement leur repentance. Certaines associations exigent même réparation, une revendication appuyée, par des avocats et des défenseurs des droits de l'Homme français. La visite de M. Todeschini sera-t-elle un véritable pas vers la reconnaissance de l'Etat français de ses crimes contre le peuple algérien ? Sera-t-elle le début d'une nouvelle lecture objective de la mémoire, loin des circonstances conjoncturelles ? H. C.