L'opération Triton de sauvetage des migrants en Méditerranée va voir ses moyens tripler. Décision du sommet européen extraordinaire qui s'est conclu jeudi soir dernier à Bruxelles. Les 28 dirigeants se sont entendus pour renforcer le dispositif de sauvetage, mais attendent en revanche l'aval de l'ONU pour mener des actions militaires contre les passeurs en Libye. Parallèlement, ils ont proposés de se départager l'accueil des réfugiés : 5 000 personnes pour chaque pays. La proposition n'a toutefois été suivie par aucune décision. C'est une option dont l'adoption, si adoption il y aura, est renvoyée à plus tard. Au final, tout le monde s'accorde à dire que ces actions sont loin de constituer une solution. Car, elles vont tout simplement traiter les conséquences (le sauvetage des immigrants) en laissant de côté les causes de l'immigration clandestine. D'ailleurs, d'emblée, dès le début de ce sommet extraordinaire convoqué après la dernière tragédie qui a fait quelque 800 morts, le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait fait preuve de réalisme en affirmant que «personne ne se fait d'illusions. Les problèmes ne seront pas résolus aujourd'hui». En effet, les 28 pays de l'Union européenne (UE) ne sont pas tombés d'accord sur tout, sauf sur le renforcement des moyens de sauvetage des migrants en Méditerranée. Jeudi à Bruxelles, les dirigeants européens sont parvenus à s'entendre pour tripler le budget de l'opération Triton, actuellement de trois millions d'euros par mois. Elle aura ainsi les moyens de Mare Nostrum - l'opération de la marine italienne mise en place suite à la tragédie autour de l'île italienne de Lampedusa à l'automne 2013-, à qui elle a succédé à la fin de l'année dernière. Cette opération sera gérée par Frontex, l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures de l'espace Schengen, dont sont membres 22 des 28 pays de l'UE, la Norvège, la Suisse, l'Islande et le Liechtenstein. La France a annoncé la mise à disposition de deux navires et de trois avions. L'Allemagne peut engager deux navires, la Belgique, la Suède, la Norvège et le Danemark un navire chacun. Le Royaume-Uni, qui n'en est pas membre, a annoncé sa participation aux opérations de surveillance et de sauvetage avec un navire, deux patrouilleurs et trois hélicoptères. Mais, précisera le Premier ministre britannique, David Cameron, à condition que les immigrants sauvés, une fois sur les bâtiments britanniques, ne demandent pas l'asile à la Grande-Bretagne. «Nous voulons agir vite» avec cette opération, a déclaré jeudi soir la chancelière allemande, Angela Merkel. En revanche, aucun accord n'a été trouvé pour élargir le champ opérationnel de la mission et permettre aux navires de Triton de sortir des eaux territoriales afin d'aller plus près de la Libye pour bloquer les immigrants avant qu'ils ne prennent le large et détruire les embarcations des passeurs, a-t-elle indiqué. Ainsi, les opérations militaires envisagées pour identifier, capturer et détruire les bateaux utilisés par les trafiquants avant leur départ ont posé problème. Décision a été prise de chercher un mandat de l'ONU. La France et le Royaume-Uni, membres permanents du Conseil de sécurité, se sont engagés à présenter un projet de résolution, a annoncé le président français François Hollande. Il en parlera aujourd'hui avec le président russe Vladimir Poutine, pour vaincre les réticences de Moscou. Les Européens se sont également divisés sur la prise en charge des réfugiés, en renvoyant les décisions à plus tard. Le plan d'action proposait aux Etats d'accueillir «au moins 5 000 personnes» ayant déjà obtenu le statut de réfugiés, dans le cadre d'un projet de réinstallation destiné aux Syriens, pour les dissuader de tenter la traversée. Mais aucun chiffre ne figure dans la déclaration finale «parce que nous pensons que 5 000 n'est pas suffisant», a expliqué Angela Merkel. La participation a ce programme de réinstallation est volontaire, pas obligatoire. «La France prendra sa part» en accueillant «entre 500 et 700 Syriens», a annoncé François Hollande. «J'aurais aimé plus d'ambition», a déploré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, partisan de porter ce programme à au moins 10 000 places. R. C. Source : lejdd.fr