A l'occasion de la sortie de son nouvel album, Nouba Housn Es-selim, l'artiste Lila Borsali a animé, hier, une conférence de presse au Club des médias de l'Office national de la culture et de l'information (Onci) à la salle Atlas. Elle a d'emblée souligné qu'à travers ce nouvel album «Je voulais m'exprimer avec tous mes sentiments, ce que j'ai vécu ces deux dernières années, à travers une œuvre marquée par la création au niveau des textes et de la musique écrits et composés par le docteur Toufik Benghebrit». Lila Borsali qui innove avec une nouba inédite, dont les textes ne sont pas puisés du patrimoine andalou, explique que «c'est une évolution naturelle de mon parcours, mon premier album était dans le style hawzi, puis je me suis sentie plus attirée par la nouba andalouse. Dans mes deux autres albums je me suis attelée à interpréter des textes méconnus et d'une grande beauté du patrimoine, en rafraichissant subtilement les mélodies grâce à quelques arrangements musicaux». Elle poursuivra en expliquant qu'«avec ce quatrième album je me suis intéressée à la création tout en gardant la beauté et la richesse des mots. Je voulais que cela soit de la poésie qui aborde des thématiques d'aujourd'hui, de ce que j'ai vécu ces deux dernières années depuis le décès de mon mari. Il y a de la mélancolie, mais aussi de l'espoir et des hommages à mes parents et au public qui me soutient et grâce auquel j'ai pu me relever. Ce sont aussi des textes avec des mots actuels auquel le public peut s'identifier aisément». L'interprète passionnée de musique andalouse précisera toutefois que «même si c'est de la création, j'ai tenu à respecter l'ossature de la nouba, tant au niveau de la succession des différents modes que dans le style poétique qui est basé sur le mouachah». Elle affirme à ce sujet : «Il est important pour moi de respecter ce qui existe déjà et de m'inscrire dans la continuité d'un style qui existe déjà. Mais il était important aussi d'apporter de la fraicheur et un coup de jeunesse à la nouba afin de sortir du mimétisme, car un patrimoine qui ne se renouvelle pas est un patrimoine qui est voué à disparaître. Il s'agit également à travers cet album d'affirmer la liberté de créer» Concernant le titre de ce nouvel album, l'artiste précisera qu'au début il devait s'appeler nouba hsine, en référence à l'école de Tlemcen, mais comme elle n'avait pas le droit d'utiliser un nom qui appartient au patrimoine oral, elle choisit Hosn, en référence au style tlemcénien et Selim en hommage a son regretté mari. L'artiste a également apporté une nouvelle touche en donnant des titres a chaque mode interprété, à l'instar du mçadar intitulé Amour eternel, du derdj, Que Dieu te protège Maman, de l'insiraf, On t'aime Papa et des mkhless la vie continue et Révérence. Elle confiera que comme cela se faisait dans les textes d'Andalousie, dans chacun des textes il y a des mots cachés où l'ont peut retrouver les prénoms de ceux auxquels elle rend hommage. A la question de savoir son sentiment face aux réactions qu'elle pourrait déclencher dans le milieu conservateur des professionnels de la musique andalouse, Lila Borsali confiera qu'elle a eu des réactions positives lors de la présentation de la nouba devant des professionnels à Tlemcen. Elle a ajouté que même si il y a des critiques négatives, la seule réponse c'est qu'«au final cet album n'est pas contre ce qui existe déjà, mais c'est dans l'esprit de partage d'émotions et de sentiments avec le style de la nouba qui est captivant. En tant qu'artiste, je considère que la création est importante afin de laisser son empreinte. Cette création si elle est sincère elle est acceptée et le patrimoine doit absolument s'enrichir pour durer encore des siècles». En attendant de trouver ce nouvel album, qui est disponible en vente chez certains disquaires, les amateurs de musique andalouse pourront d'ores et déjà découvrir la nouba Hosn Es-Selim lors du concert qu'animera la talentueuse Lila Borsali, jeudi 14 mai, à partir de 18h à la salle El Mouggar. S. B.