Au lendemain du remaniement partiel du gouvernement, de nombreux commentateurs se sont fendus d'analyses dans lesquelles ils qualifieront notre diplomatie de bicéphale, ayant deux ministres à sa tête, Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, et Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines et africaines et de la Coopération internationale. La présidence n'a pas tardé à réagir pour procéder à une légère restructuration, juste ce qu'il faut pour convaincre ces analystes de l'inexistence de tout bicéphalisme. Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a ainsi nommé Ramtane Lamamra ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a indiqué, hier, un communiqué de la présidence de la République. Quant à Abdelkader Messahel, il est nommé ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue Arabe. Ainsi, la forme à laquelle tiennent ces commentateurs est sauve. Quant au fond, dont ils ne se sont pas trop occupés, il n'a pas changé. MM. Lamamra et Messahel se partageront toujours les lourdes charges et missions de la diplomatie. Et à voir les évolutions des situations sur tous les fronts et dans toutes les régions du globe, ils ne seront pas de trop à deux pour en suivre les développements et définir la position de l'Algérie. Ainsi, si M. Lamamra aura plus que suffisamment à faire avec la politique européenne sur l'immigration, la Politique européenne de voisinage (PEV), les bouleversements au Proche et Moyen-Orient, les relations de l'Algérie avec ses différents partenaires, M. Messahel ne chômera point. L'Afrique, avec son insolente croissance qui fait pâlir les économies occidentales, est devenue le continent de toutes les convoitises et, paradoxalement, ou conséquemment, la région où se concentrent conflits, maladies et fléaux sociaux. Toutefois, une prise de conscience se dessine ces dernières années. Les pays africains apprennent à parler d'une même voix, à faire valoir leurs atouts et, surtout, à corriger leurs travers. Grâce à l'action concertée de l'Union africaine, la Banque africaine de développement et d'autres organisations régionales, la croissance inclusive, la démocratie participative, la coopération intra-africaine font leur chemin dans le continent. L'Algérie a été partie prenante et/ou initiatrice de nombreuses actions pour la concrétisation de cette Union africaine. Sa contribution dans la mise en place du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique) ou l'aboutissement du processus de paix au Mali, pour ne citer que ces deux dossiers, s'est traduite grâce à l'action de la diplomatie. Le chantier est toujours en cours et M. Messahel aura de la besogne à abattre. Il en aura tout autant avec celui de l'Union du Maghreb arabe qui pourrait devenir un autre atout africain si elle se concrétisait et réussissait son intégration. Avec la Ligue arabe, il rejoindra l'action de son collègue, et, au risque de se répéter, ils ne seront pas de trop à deux pour se pencher sur les situations qui minent certains pays arabes, et proposer des sorties de crises. Ainsi, la diplomatie avec deux têtes, entendre deux poids-lourds, n'est aucunement un non-sens. Bien au contraire, la décision du Président est frappée au coin du bon sens. Tout comme celle de nommer Youcef Yousfi ministre-conseiller auprès du président de la République, chargé des questions de l'énergie. L'ex-ministre de l'Energie rejoint ainsi son collègue de l'Intérieur Tayeb Belaïz qui a été, lui, nommé ministre d'Etat, conseiller spécial auprès du président de la République. M. Bouteflika s'entoure ainsi de responsables qui ont fait un passage sur le terrain qui leur permet d'être de bon conseil, comme il l'avait fait précédemment avec Karim Djoudi après son passage à la tête du ministère des Finances. H. G.