Les djihadistes du groupe Daech ont pris le dernier poste frontalier avec l'Irak, consolidant leur emprise sur une vaste zone transfrontalière après la conquête de Palmyre (Tadmour), dont les trésors archéologiques sont menacés. Des sites dont l'avenir semble davantage inquiéter les médias occidentaux que les vies humaines dans une Syrie livrée au chaos. Daech contrôle désormais la moitié du territoire syrien, pays ravagé depuis plus de quatre ans par une guerre civile particulièrement nourrie de l'extérieur. En huit jours, cette organisation a réussi à prendre Ramadi, la capitale de la province irakienne d'Al-Anbar, puis Palmyre, dans le désert syrien frontalier de l'Irak, avant de progresser vers le sud pour s'emparer du poste frontière entre les deux pays d'Al-Tanaf après le retrait des troupes gouvernementales. Désormais, l'ensemble des trois passages frontaliers avec l'Irak est sous contrôle des groupes djihadistes. Avec ces coups de force, Daech renforce son emprise sur une large bande territoriale transfrontalière qui lui permet d'étendre son contrôle, faisant étrangement fi des frappes quotidiennes menées par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis depuis plus de neuf mois. Des frappes qui semblent faire de la figuration face à une situation intenable. La situation désastreuse toujours en cours en Syrie semble entretenue par ceux là même qui dénoncent les groupes djihadistes. Responsable d'atrocités et accusé de crimes contre l'humanité, le groupe Daech évolue et accapare des territoires depuis 2013, sans que les grandes puissances ne réagissent. Ces dernières, capables de faire chuter des régimes comme celui de Saddam Hussein en Irak ou celui de Kadhafi en Libye, sont curieusement inopérantes face à un groupe de quelque dizaine de milliers d'hommes. Pour certains observateurs, Daech contrôle désormais une étendue géographique très importante qui lui permettra de menacer la Syrie profonde comme Homs et Damas. Alors que le groupe Daech a détruit plusieurs trésors archéologiques dans sa progression en Irak, la «communauté internationale» est prise d'effroi à l'idée que Palmyre, cité vieille de plus de 2 000 ans, réputée pour ses colonnades torsadées romaines, ses temples et tours funéraires, subisse le même sort. L'Unesco a d'ailleurs lancé un appel à l'aide à l'ONU pour agir avertissant que «toute destruction» à Palmyre, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, «serait une énorme perte pour l'humanité». Outre cette région, Daech contrôle la majeure partie des provinces de Deir Ezzor et Raqa dans le Nord, et a une forte présence dans les provinces de Hassaké (Nord-est), d'Alep (Nord), de Homs et de Hama (Centre). Il est aussi maître de la quasi-totalité des champs pétroliers et gaziers de Syrie, qui lui assurent une importante source de revenus. Avec des clients parmi les pays de l'Union européenne. L'ambassadrice de l'Union européenne en Irak, Mme Jana Hyboskova, a déclaré sans les nommer que «plusieurs membres de l'UE ont acheté du pétrole non-raffiné à Daech». Ailleurs en Syrie, où le gouvernement combat les insurgés depuis 2011, les djihadistes ont pris un hôpital de la ville de Jisr al-Choughour où sont assiégés 150 soldats et leurs familles. M. B./Agences