Au moment où Barrak Obama affirme que les Etats-Unis ne sont pas en train de perdre la guerre contre cette organisation terroriste et que la campagne antiterroriste prendra « plusieurs années », Daech s'est emparé de Ramadi, la capitale de la province d'Al-Anbar, en Irak, et Palmyre et contrôle plus de 95.000 km2 en Syrie où ses éléments progressent vers le Sud pour prendre Al-Tanaf, Boukamal et Yaaroubié, les trois passages frontaliers avec l'Irak. Palmyre ou la « Perle du désert », une oasis de plus de 2.000 ans, à 210 km au nord-est de Damas, est en danger. La destruction de ce chef-d'œuvre, inscrit par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité serait « une énorme perte pour l'humanité », estime la directrice de l'Unesco, Irina Bokova. « Palmyre est le site d'un extraordinaire héritage mondial dans le désert, et toute destruction à Palmyre serait non seulement un crime de guerre, mais aussi une énorme perte pour l'humanité », regrette-t-elle. Cette cité, une continuité géographique avec l'Irak à travers la steppe syrienne, peut être utilisée, selon Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, pour « lancer des attaques en direction de Homs et Damas ». La chute de Palmyre relance le débat sur la nécessité d'une action internationale pour la sauvegarde et la protection des sites antiques et des biens culturels. En Irak, la prise de Ramadi est une avancée majeure de Daech depuis qu'il a proclamé son califat en juin 2014 et un coup sévère pour le gouvernement irakien et son allié américain. Certains analystes qualifient cette perte de « catastrophique » et mettent cet échec sur le « désir » des chiites, des Kurdes, des sunnites d'avoir avant tout leur Etat. « Ce qui se passe à Ramadi démoralisera à coup sûr un peu plus les sunnites qui s'étaient engagés dans la lutte contre Daech », prévient le spécialiste des affaires moyen-orientales, Emile Hokayem. Le vice-Premier ministre irakien, Saleh Moutlak, pointe du doigt l'armée. « On ne peut pas imaginer que des forces entraînées pendant plus de dix ans se retirent de cette manière honteuse. L'armée a une grande responsabilité. Le gouvernement va demander des comptes aux commandants militaires qui ont abandonné la bataille dans ces moments difficiles », dit-il, dénonçant « l'absence de stratégie claire de Washington et de la coalition internationale dans la lutte contre Daech ». La communauté internationale sait que les terroristes de Daech sont conditionnés. Ils sortent bulldozers, pelleteuses et marteaux-piqueurs dès qu'ils entendent les mots « culture » ou « patrimoine ». Elle redoute un remake des destructions des sites antiques et de biens culturels comme celles qui ont eu lieu en Afghanistan, en Libye, au Mali et en Irak, et rappelle que le trafic d'objets d'antiquité du Moyen-Orient vers l'Europe représente la deuxième source de revenus des groupes terroristes après la rente pétrolière. Face à ces percées inquiétantes, la France annonce la tenue, le 2 juin prochain, d'une réunion internationale à Paris. Vingt-quatre ministres ou représentants d'organisations mondiales y participeront, dont le secrétaire d'Etat américain, John Kerry.