Nasser Hannachi L'opéra était à l'affiche vendredi soir à la salle annexe du zénith Ahmed Bey (300 places) à Zouaghi, dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Après s'être produite à Alger jeudi, la cantatrice serbe, Jadranka Jovanovic, accompagnée du pianiste Nikola Rakov, a enchanté les mélomanes d'un répertoire puisé dans «les perles musicales du monde» dans lesquelles elle s'identifie. Elle a interprété des opus de l'opéra et de la chanson classique. En particulier les compositeurs : Serbe, Stanislav Binicki, l'Islandais Blondal, l'Italien, Rossini et Georges bizet, le Français. Douée d'une voix enchanteresse, alliant mimes et rimes, la diva virevoltait sur la scène, ravie, invitant à l'exploration de cet art d'odéon. Son interprétation de Ne me quitte pas, de Brel, revisitée à sa manière laissait le public sous le charme. Et elle s'adonnait à un piano à quatre mains avec son collaborateur et ex-professeur Rakov pour confirmer son autre talent d'instrumentiste. Etaient pianotés My way, ce grand standard repris par Sinatra, le fameux ragtime de Scott Joplin The entertainer, Love me tender d'Elvis Presley et bien d'autres arias, qui reflètent sa diversité et son panorama musical, qu'elle s'est forgés à travers ses années de production sur les plus belles scènes mondiales (Salzbourg, Opéra de Nice, San Carlo à Lisbonne...). Ensuite Jovanovic se dotait de son livret et entonne majestueusement une partition richissime du répertoire algérien, Wahdi de la chanteuse algérienne Noura. Un hommage posthume a été rendu à cette talentueuse artiste disparue en juin 2014. «Quand j'ai reçu cette invitation à me produire en Algérie, mon souhait était de pouvoir offrir à la scène algérienne une chanson du terroir de ce pays. Mais Comment puis-je rendre un tel hommage ? Jusqu'alors j'ai chanté dans plusieurs langues dont le chinois, le suédois, le bulgare,...», relatait Jovanovic. La conception de ce titre adapté pour piano et voix était passé par quelques étapes : «J'ai entendu cet air fredonné par une personne qui a une parfaite connaissance de cette musique. Après avoir écouté l'intégralité de ce titre sur YouTube, je confirmais son appartenance auprès de l'ambassadeur d'Algérie à Belgrade. Il m'a donné le feu vert en me disant que c'est l'œuvre de Noura et le compositeur est aussi algérien. Sitôt mon pianiste et moi avons commencé les arrangements et les transcriptions », nous dira la Serbe, affichant sa satisfaction d'avoir chanté ce morceau «de cette icône de la chanson algérienne». Questionnée sur ses transitions de l'opéra aux musiques de variété et populaire, la cantatrice a révélé : «Je chantais beaucoup de personnages des pièces d'opéra. Mais aussi j'ai éprouvé le besoin de faire des innovations. Piano, piano... Je commençais à concrétiser mon projet en passant en premier lieu par la chanson française puis les musiques du monde.» Le duo, pianiste et diva, a séduit le public à travers cette compilation. Quelques présents n'ont pas hésité à rallier la scène pour immortaliser le moment en prenant des photos avec la grande silhouette, vêtue d'une longue robe noire, et dont le regard dégage ...de la voix. Jovanovic, de formation pianistique, a joué dans plus de 100 rôles d'opéras. Elle a en outre collaboré avec les plus éminents chefs d'orchestre universels. L'artiste compte plusieurs palmarès, dont le prix du ministère russe de la Culture pour la contribution spéciale de l'année marquant le 200e anniversaire de la naissance de Pouchkine. La soirée organisée par l'Office national pour la communication et l'information (Onci) entre dans le cadre des échanges culturels entre les deux pays. N. H.