Le Premier ministre a tenu à installer officiellement le nouveau P-dg du Groupe Sonatrach, Amine Mazouzi, lors d'une cérémonie officielle qui a eu lieu hier au siège de l'entreprise. Cette démarche hautement symbolique a d'abord permis à M. Sellal d'affiner la feuille de route dévolue au Groupe Sonatrach par rapport à la crise énergétique mondiale, et surtout de donner un gage de sécurité aux cadres dirigeants de Sonatrach, qui ont vu leur prestigieuse entreprise subir des remous liés à des affaires de corruption ayant engendré une spirale de désignations et de révocations de ses différents patrons. Apparemment, les promotions des cadres issus du secteur de l'énergie, à l'image du nouveau ministre et de deux P-dg de Sonatrach et de Naftal, une filiale du Groupe, donnent à penser que l'opération «mains propres» au niveau de Sonatrach est maintenant terminée et que l'avenir est maintenant positivé avec la nouvelle feuille de route de ce secteur, telle que définie par le Conseil des ministres, dimanche dernier. C'est dans cet esprit que M. Sellal a prononcé un discours où il a défini les grandes missions auxquelles devraient s'atteler les nouveaux dirigeants. Face au spectre de la baisse des prix des hydrocarbures au dessous de 50 dollars, et donc du danger qui plane sur l'Algérie quant à sa politique d'investissement et de prise en charge sociale, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n'a pas mâché ses mots pour décrire la situation délicate que vit le pays. «La situation à laquelle est confronté notre pays est délicate. Nous devons tous en être conscients. La baisse des prix des hydrocarbures risque de s'étaler dans le temps et d'impacter négativement les ressources des producteurs dans le monde», a-t-il dit. Le Premier ministre a, tout de même, tenu à signaler qu'actuellement la situation macroéconomique demeure «sous contrôle» en raison de l'état de nos réserves de change, du faible endettement externe par suite du remboursement anticipé de la dette extérieure décidé par le président de la République. L'Algérie, selon lui, pourrait maintenir cette situation macroéconomique jusqu'à 2019, si le prix référentiel du pétrole se maintient à 60 dollars le baril. Avec un tel prix, les réserves de change du pays pourraient s'élever à 38 milliards de dollars, en 2019, a-t-il prévu. Toutefois, l'économie pourrait prendre un autre tournant, si les cours du baril baissaient à 50 $. L'Algérie verrait ainsi ses réserves de change baisser à 9 milliards de dollars, en 2019, a-t-il pronostiqué. Pour éviter à une telle situation, le gouvernement, a-t-il rappelé, a pris certaines mesures d'ajustement. D'autres mesures seront programmées dans le cadre de la loi des Finances complémentaire 2015 (LFC 2015). Ceci, sans remettre en cause les fondamentaux nationaux dans le domaine social, a tenu à signaler M. Sellal. Il est ainsi prévu, au titre de la loi des Finances complémentaire, l'amélioration du climat des affaires par une simplification des procédures pour la création d'entreprises notamment, la disponibilité du foncier, l'accès au crédit et aux réserves publiques de qualité. A cela s'ajoute l'encouragement, le soutien et les facilitations pour l'investissement productif créateur de richesses et d'emplois par rapport aux activités commerciales. Il sera donc procédé dans la LFC 2015, à la révision de la TAP et de l'IBS au profit de l'investissement lié à la production. Au titre de la LFC 2015, le gouvernement veut aussi insérer progressivement les activités informelles et la récupération de la masse monétaire en circulation dans le circuit informel au profit de l'investissement productif (plus de 3 700 milliards de DA). Il est prévu également de promouvoir et protéger l'économie nationale par la production de normes et règlements techniques de qualité, la régulation des activités ainsi que la lutte contre les pratiques informelles et la contrefaçon Selon M. Sellal, le secteur de l'énergie devra participer à ce processus de mutation pour, d'une part, opérer la transition énergétique nationale et, d'autre part, permettre à l'Etat d'honorer ses engagements sociaux envers les concitoyens dans les domaines tels que l'habitat, l'éducation et la santé. Le Premier ministre qui a mis l'accent sur l'importance du ce secteur pour le développement économique du pays mais également pour le citoyen n'a, tout de même, pas manqué d'indiquer que «nous devons en accroître la production, l'exploitation et l'exploration». Ainsi, aux yeux de M. Sellal, la poursuite de la production et de la valorisation des hydrocarbures constitue un objectif «stratégique». M. Sellal n'a pas omis également de soulever un point important, en l'occurrence la non exploitation du potentiel énergétique national. «Notre potentiel n'est pas suffisamment exploré et exploité», a-t-il indiqué avant d'ajouter que «nous devons mettre en production les nouvelles découvertes». Ceci est possible et fondamental, selon lui, il appartient à Sonatrach de s'investir davantage dans l'exploration, la production d'hydrocarbures et leur valorisation. C'est ainsi qu'il demande aux hauts cadres de Sonatrach de poursuivre et renforcer la formation des ressources humaines, pour une meilleure maîtrise de l'exploration, de la production, et de la distribution. Il leur a également demandé de développer davantage la recherche d'hydrocarbures à l'effet d'accroître les réserves. Rationaliser la gestion des ressources humaines et matérielles et la maturation des investissements, est de mise, selon M. Sellal. «Sonatrach doit ainsi s'investir dans son domaine de compétences et éviter la dispersion». Recommandation qu'il a émis en direction de Sonelgaz. Le Premier ministre a insisté avec vigueur sur l'orientation du président de la République, à savoir de recentrer la politique énergétique sur la problématique de la production, l'exploration et l'exploitation, écartant ainsi tout investissement à l'étranger. B. A.