Américains et Iraniens sont engagés à Genève dans des tractations cruciales en vue d'un accord historique qui fera date. Cependant l'Iran, longtemps dans le viseur des Occidentaux et d'Israël, prend des précautions. Téhéran refuse que l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) mène des inspections de ses sites militaires et interroge ses scientifiques dans le cadre de cet accord. Cette position relevant de la souveraineté de tout Etat, a été déjà exprimée par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, le 20 mai dernier. L'Iran signataire du Traité de non prolifération nucléaire (TNP), a tenu à faire la distinction entre inspections dans le cadre de l'accord à conclure et accès aux sites militaires. Le programme nucléaire de la République islamique empoisonne les relations avec les Occidentaux depuis 2003. Les grandes puissances du Groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) négocient depuis l'automne 2013 avec l'Iran, sous l'égide de l'Union européenne, pour trouver un consensus. Après un accord provisoire en novembre 2013 et un accord de principe le 2 avril, les parties ont jusqu'au 30 juin pour ficeler un texte complet et définitif. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Kerry et Zarif, qui pilotent les pourparlers depuis des mois, se sont retrouvés dans un grand hôtel de Genève. Selon des responsables américains, Washington tient à la date du 30 juin et «n'envisageait pas à l'heure actuelle de prolongation» des discussions. Car à un mois de l'échéance, l'Iran et les pays européens ont évoqué cette semaine la possibilité que les pourparlers débordent sur le début de juillet. Sur le fond, la question des inspections des sites nucléaires iraniens demeure sujette à controverses. Dans un monde où la guerre d'espionnage entre services de renseignements bat son plein, Téhéran ne souhaiterait pas faire faux jeu. L'Iran, qui a toujours démenti vouloir se doter de la bombe atomique, exclut toute inspection de ses sites militaires au nom de la protection de ses intérêts nationaux. Comme gage de bonne volonté Téhéran accepterait un «accès réglementé» pour des experts étrangers dans le cadre du protocole additionnel au Traité de non prolifération nucléaire. L'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), sous influence américaine, qui mettra en œuvre un éventuel accord, a appuyé les pressions occidentales soulignant la nécessité pour l'agence onusienne d'avoir accès à tous les sites, «y compris militaires». L'administration Obama est sous pression d'un Congrès républicain, majoritairement pro-israélien, donc hostile à l'Iran, et qui a imposé son droit de regard sur le texte final. Un accord avec l'Iran apeure aussi Israël, Etat nucléaire, mais non signataire du TNP, et aussi les monarchies du Golfe. Après 35 ans sans relations diplomatiques, Téhéran et Washington sont plus que jamais à un tournant. Un accord entre l'Iran et les Etats-Unis pourrait chambouler les équilibres notamment au Moyen-Orient. M. B./Agences