L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a repris , hier, ses discussions avec l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique, sur fond d'offensive diplomatique de Téhéran à la tribune des Nations Unies à New York et de rapprochement entre les Etats-Unis et la République islamique. Cette rencontre, la 11e depuis plus d'un an et demi, sera la première depuis l'arrivée au pouvoir du président modéré Hassan Rohani. Toutes les précédentes réunions s'étaient soldées par des échecs. Elle permettra une prise de contact entre la nouvelle équipe de négociateurs iraniens et les experts de l'agence. Téhéran devrait confirmer sa forte volonté de coopérer avec l'AIEA, comme l'avait déjà déclaré Reza Najafi, le nouvel ambassadeur auprès de l'agence à la mi-septembre. Mais elle pourrait aussi être l'occasion pour l'Iran de faire un premier geste concret, même si la conclusion d'un accord global paraît prématuré. Le domaine dans lequel les Iraniens sont les plus enclins et les plus en mesure de faire des concessions est celui de la transparence, ce qui veut dire plus de coopération avec l'AIEA, donc je pense qu'ils pourraient conclure quelque chose à Vienne, indique Mark Fitzpatrick, de l'Institut international des études stratégiques (IISS) à Londres. L'agence, qui vérifie régulièrement les installations nucléaires de l'Iran, enquête sur le pays depuis plus de 10 ans afin de déterminer si son programme est purement pacifique, ce qu'elle n'est toujours pas en mesure de dire faute, selon elle, de coopération du régime islamique. Si les négociations au niveau diplomatique avec le groupe des 5+1 (les cinq pays du conseil de sécurité de l'ONU, Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, plus l'Allemagne) portent sur le programme nucléaire actuel de l'Iran, notamment les activités sensibles d'enrichissement d'uranium, celles entamées début 2012 avec le gendarme de la non-prolifération nucléaire concernent le passé. Dans un rapport en novembre 2011, l'AIEA avait présenté un catalogue d'éléments indiquant que l'Iran avait travaillé à la mise au point de la bombe atomique avant 2003 et peut-être ensuite, notamment sur la base militaire de Parchin près de Téhéran à laquelle l'agence demande l'accès, en vain jusqu'ici. L'Iran dément catégoriquement avoir, ou avoir eu, de telles visées, ce que le président Hassan Rohani a réaffirmé à la tribune de l'ONU. L'objet des négociations avec l'AIEA consiste à mettre au point un accord permettant aux inspecteurs de l'agence onusienne de vérifier si ses soupçons sont fondés ou non.
Régler le dossier dans les trois à six mois Le ton conciliant sur le nucléaire adopté par le président iranien a quelque peu décrispé les relations avec la communauté internationale, qui attend maintenant des gestes concrets. Pékin et Washington ont ainsi invité jeudi à New York le régime à répondre de manière positive à l'offre déjà sur la table des grandes puissances, prévoyant notamment une suspension de l'enrichissement d'uranium à 20% en échange d'un allègement de certaines sanctions. Et, avant-hier, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, à l'issue d'une rencontre historique avec son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, alors que les deux pays n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980, a laissé entrevoir une levée de certaines sanctions, tandis que les négociations Iran-5+1 reprendront le 15 octobre à Genève. L'Iran est sous le coup de plusieurs sanctions des Nations-Unies, des Etats-Unis et de l'Union européenne en raison de son programme nucléaire controversé, sanctions qui étranglent l'économie et les finances du pays tout en provoquant une crise sociale d'envergure. Seul Israël a rejeté en bloc le discours iranien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu le qualifiant de cynique et hypocrite. Dans un entretien au Washington Post publié mercredi, Hassan Rohani a affirmé vouloir régler dans les trois à six mois le dossier nucléaire qui empoisonne les relations de son pays avec la communauté internationale depuis plus d'une décennie. Mais Téhéran, en tant que signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), entend conserver son droit à enrichir de l'uranium à des fins pacifiques. Malgré la prudence de mise et le fait que les positions des deux camps restent très éloignées, il s'agit de la première fois depuis des années que les grands dirigeants de chaque camp sont prêts à essayer de faire des progrès et montrent une volonté à coopérer, souligne Mark Fitzpatrick.
Téhéran entend conclure un accord d'ici un an L'Iran espère conclure d'ici un an un accord avec les six négociateurs internationaux sur son dossier nucléaire, a annoncé, avant-hier soir, le ministre iranien des Affaires étrangères Djavad Zarif. "Je pensais que c'était beaucoup trop ambitieux, presque naïf, mais j'ai vu que certains de mes collègues étaient encore plus ambitieux et souhaitaient avancer encore plus vite (vers un accord)", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne à l'issue de la rencontre avec les ministres des Affaires étrangères des Six médiateurs sur le programme nucléaire iranien (USA, Chine, Russie, Royaume-Uni, France et Allemagne). Les Six mènent des négociations avec Téhéran afin de dissiper la préoccupation de la communauté internationale quant à la nature du programme nucléaire iranien. Les Etats-Unis, Israël et d'autres pays reprochent à l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil. Téhéran reconnaît enrichir de l'uranium à 20%, mais affirme que ses activités nucléaires ont pour seul objectif de satisfaire les besoins du pays en électricité.