Les différents acteurs de la guerre au Yémen devraient se retrouver ce dimanche à Genève, sous l'égide de l'ONU, pour tenter de trouver une issue à la crise qui menace de dégénérer. C'est la première fois depuis l'intervention saoudienne en mars qu'une possible rencontre pourrait constituer une chance pour la paix. Quatorze représentants yéménites, sept de chaque camp, participeront aux discussions. D'un côté le bloc du président en exil Abdrabbou Mansour Hadi, soutenu par les saoudiens, de l'autre les Houthis et leur allié, l'ex-président Ali Abdallah Saleh. La rencontre de Genève constitue une rare opportunité d'ouverture dans cette guerre sous fond de tensions entre Riyad et Téhéran. La rencontre intervient alors que la situation semble s'enliser deux mois et demi après le début des bombardements par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite. Ces bombardements intensifs destructeurs compliquent la possibilité de compromis. Les Houthis se considérant comme agressés dans leur pays par une force étrangère. Pour se défendre, les Houthis ont visé à plusieurs reprises des zones frontalières en Arabie saoudite. Le gouvernement yéménite, exilé en Arabie saoudite, a minimisé la portée de Genève, parlant de simples «consultations» pour mettre en œuvre la résolution 2 216 du Conseil de sécurité de l'ONU. Cette résolution impose des sanctions aux Houthis, dont un embargo sur les armes, et les somme de se retirer des nombreux territoires, dont la capitale Sanaa. Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, participera à l'ouverture des pourparlers de Genève qui se tiendront ensuite à huis-clos. Ban a lancé un «appel urgent» à toutes les parties à engager des consultations «de bonne foi et sans conditions préalables dans l'intérêt du peuple yéménite». Le but des pourparlers est la mise en place d'un cessez-le-feu, d'un plan de retrait des rebelles des zones conquises et d'un accroissement de l'aide humanitaire. Les Nations unies ont qualifié la situation humanitaire de «catastrophique», parlant de plus de 2 000 morts depuis fin mars et d'un demi-million de déplacés. Le conflit affecte au total 20 millions de personnes, ont estimé 13 organisations humanitaires, appelant à un cessez-le-feu «immédiat et permanent pour sauver des millions» de vies. L'Arabie saoudite avait accepté une trêve humanitaire de cinq jours en mai pour permettre l'acheminement de secours, mais a repris rapidement les bombardements. Ces derniers, sanglants et dévastateurs, n'ont pas changé la donne au Yémen et le président Hadi est toujours réfugié à Riyad. Les Houthis et Saleh conservent la plupart de leurs positions, y compris la capitale. Cependant la dégradation du pays se poursuit. L'Unesco a condamné la mort de cinq personnes et la destruction de plusieurs édifices de la vieille ville de Sanaa, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, dans un raid aérien de la coalition arabe. La directrice générale de l'organisation onusienne, Irina Bokova, s'est dite «profondément affligée par les pertes de vies humaines et les dommages infligés à l'un des plus anciens joyaux de l'urbanisme islamique au monde». «Cette destruction ne va qu'exacerber la situation humanitaire et je réitère mon appel à toutes les parties à respecter et protéger l'héritage culturel du Yémen», «symbole d'une histoire millénaire» qui «appartient à toute l'humanité», a-t-elle ajouté. M. B./Agences