«L'article 25 de la Constitution définit les prérogatives et les missions de l'Armée nationale populaire (ANP). Et celle-ci les assure pleinement. Elle fait son travail comme il se doit. La preuve en est la lutte contre le terrorisme, la sécurisation des frontières... L'ANP remplit convenablement sa mission», a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège national du parti, Ali Benflis, le président de Talaiou El Houriet. Autrement dit, pas le moindre problème, pas le moindre reproche à faire à l'institution militaire. Benflis en attend toutefois davantage et il le dit clairement. Il souhaite que celle-ci accompagne «la période de transition» si période de transition il y a. «Si les formations politiques arrivent à un consensus de sortie de crise, nous souhaitons que cette même armée joue un autre rôle. Celui de garantir l'application de la charte de la période de transition qui sera issue de l'accord conclu entre les formations en question. Il y a des périodes de transition qui, sans l'armée, n'aboutissent pas. Elle n'interviendra pas pour prendre le parti de telle ou telle partie, mais assurer l'application de la charte. Veiller, par exemple, à ce qu'il n'y ait pas de fraude électorale, à ce que l'administration ne soit pas partiale et que la mosquée ne soutienne pas un parti politique», a-t-il précisé. Le message est on ne peut plus clair. Parlant du régime actuel, Benflis dira, comme à son habitude, que «L'Algérie vit une crise de régime. Une crise multidimensionnelle». Aussi, «il y a vacance du pouvoir, c'est bien une réalité», réfutant ainsi les déclarations récentes du président français, François Hollande, et de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ces derniers ayant affirmé avoir constaté «une grande maîtrise intellectuelle chez le président Bouteflika». Talaiou El Houriet ne croit pas en ces déclarations. «Nous sommes tous des Algériens et nous savons que le Président ne préside pas et que le gouvernement ne gère rien. Nous savons que c'est l'argent sale, le clientélisme politique et les proches qui commandent», dira Benflis. Et de poursuivre, «depuis le 8 mai 2012 et le discours de Sétif, le chef de l'Etat ne s'est pas adressé au peuple ne serait ce que pour dire que je me porte mieux. Ce n'est pas une vacance du pouvoir cela ? Et combien de Conseils des ministres il y a eu en 2014 ? Seulement 4. Ce n'est pas normal. Qui fait les projets de lois ? Même les élus sont bloqués, ils ne peuvent pas faire des propositions de lois du moment qu'elles ne passeront pas en Conseil des ministres. Et cela a ses retombées sur les projets au niveau des wilayas et des communes». Parlant de l'organisation au sein de son parti, Benflis se félicitera de la composition humaine qui «sera à même de permettre d'aller dans la voie de la modernisation». Plus précis, il dira : «Nous comptons des dizaines de milliers de militants. D'ailleurs, pour l'organisation de notre congrès constitutif, nous avons demandé l'autorisation pour le complexe olympique Mohamed-Boudiaf, ils nous l'ont refusée, mais pas de manière directe. Même chose pour la salle Harcha et la salle polyvalente de Chéraga. Nous avons alors opté pour Hilton.» Autres chiffres : «Il y a eu 1 489 délégués au congrès, 800 militants et 500 invités parmi les personnalités politiques, des ex-chefs du gouvernement et des représentants de la société civile. Parmi ces délégués, il y a eu 242 femmes et les moins de 45 ans étaient au nombre de 513. Dans notre comité central nous comptons 90 femmes et dans le bureau politique 7. Ce qu'il faut aussi retenir, c'est que nous comptons, dans le parti, 250 enseignants universitaires et des chercheurs. Nous avons d'ailleurs proposé la création d'un secrétariat les regroupant.» Dans cette conférence de presse, le président de Taliou El Houriet, a également évoqué le fait qu'il soit attaqué par d'autres parties et de manière pas agréable : «Je ne fais pas dans la politique de l'insulte et de l'invective. Mon école est celle de mes parents et celle de Ben Badis. Je n'insulte pas et je ne sais pas d'ailleurs le faire. Si on fait un concours sur l'insulte, je serai le dernier.» Benflis affirme qu'il ne répondra à ses détracteurs «que lorsqu'il est question de débattre de son projet politique et des questions concernant la politique générale du pays (le gaz de schiste et autres». K. M.