Inutile de rappeler que lors d'une précédente édition, La Tribune a évoqué le peu d'opposition rencontré au meeting de Nancy par Taoufik Makhloufi, champion olympique 2012 sur 1 500m. L'Algérien avait couru sur une distance de 1 000m qu'il a remporté les doigts dans le nez devant pratiquement aucun adversaire sérieux ou du moins de nature à le contrarier et sinon à le pousser au-delà de ses limites naturelles. Même si dans la foulée, lors de ce meeting T. Makhloufi a battu le record d'Algérie détenu jusque là par Nourreddine Morceli. Toutefois, il n'y avait là aucune matière à référence. La performance aurait été d'approcher et/ou égaler au minimum celui européen et la cerise sur le gâteau celui de tutoyer le record mondial. La presse nationale s'est empressée de «saluer» et surtout d'insister sur «la meilleure performance mondiale» du coureur algérien sans avoir l'honnêteté de souligner qu'il ne s'agissait en fait que de «la meilleure performance mondiale de... l'année», et la nuance est importante sur cet aspect précis des choses. Quoiqu'il en soit, en s'alignant sur sa distance de prédilection au meeting de Paris, Makhloufi sait désormais que le chemin pour y arriver et confirmer ce qu'il avait réalisé à Londres n'est pas aussi aisée que le laisse entendre les certitudes très théoriques de ceux qui ne se résolvent toujours pas à admettre que l'Algérien n'a, en fait, pas encore confirmé tous les espoirs placés en lui au lendemain de la journée historique où il arraché, à Londres, la médaille d'or. Samedi dernier, Makhloufi a terminé 4e sur un chrono de 3'30''50 au moment où celui qui avait remporté la course en l'occurrence le Kenyan Kiplagat Silas assurait au finish 3'30''12 et encore est-il besoin de rappeler que l'année précédente (2014) celui-ci réalisait un temps nettement meilleur avec 3'27''64 lors de la réunion de Monaco (Herculis). Un rendez-vous auquel il sera encore présent le 17 juillet prochain et pour bien des raisons dont la récompense financière hors normes versée dans le cadre de la Diamond League. Néanmoins, il n'y a pas lieu de faire de cette mauvaise prestation parisienne une raison de se laisser abattre, bien au contraire, la place de quatrième et le temps réalisé devraient servir de curseur au champion olympique 2012 pour être dans sa meilleure forme, retrouver les sensations spécifiques sur cette distance. En somme être dans les meilleures dispositions le jour «J». Cela d'autant plus qu'il ne restera plus énormément de temps pour se préparer aux mondiaux de Pékin. Notons enfin que le record du monde sur la distance détenu un moment par N. Morcelli a été battu et le demeure jusqu'à nos jours par l'athlète marocain Hichem El Guerroudj à Rome en 1998 avec un chrono de 3'26''00. Enfin, est-ce que l'athlète algérien n'est-il pas en train de payer ses errements depuis sa conquête de la médaille vermeille aux Jeux de Londres ? Cela n'est pas à exclure et il serait quand même dommage qu'il puisse passer à côté d'une carrière qui aurait été nettement plus explosive. A. L.