Au-delà des capacités d'accueil dont elle jouit, la salle omnisports Harcha est sans doute un lieu à haute plus-value symbolique au service des faiseurs de rassemblements, meetings et autres manifestations du genre qui vont marquer l'actualité sociopolitique du pays jusqu'au mois d'avril prochain, à la faveur de l'élection présidentielle. Cette plus-value symbolique que fait sienne ce lieu à forts moments gravés dans la mémoire sportive algéroise et algérienne, parfois continentale même, se situe justement dans sa vocation première qui est celle de servir le sport et donc d'attirer des supporters, notamment des jeunes parmi ces derniers. Il n'est d'ailleurs pas exclu que les organisateurs du festival pour la remise d'un million de signatures de jeunes en faveur d'une candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat aient agi dans cette logique rentable, allant planter les décors de leur campagne d'avant la précampagne électorale à la salle Harcha où la cible du jour pouvait trouver naturellement et instinctivement les repères à ses prédispositions pour l'engouement. Un après-midi de jeudi qui augure de tant d'autres à inscrire sur le registre des longues journées de campagne électorale qui nous séparent du jour J de l'élection présidentielle, et la salle algéroise ne sera pas la seule à afficher archi-comble. D'autres salles à travers l'ensemble du territoire national et même des stades seront, encore une fois, «détournés» de leur vocation première, pour vibrer au rythme d'une ambiance politique et ses slogans qui n'appartiennent pas au répertoire sportif. Le sport et ses spectacles ne faisant plus recette depuis bien longtemps, de nombreux gestionnaires d'infrastructures ont fini par perdre tous les moyens de leur politique sportive, allant chercher refuge à leurs équilibres financiers dans la politique et les moyens de ses campagnes électorales. L. I.