Le transport public à Alger comme dans toutes les wilayas du pays «ne va pas bien» et «ne répond pas aux normes internationales», nous dira un jeune homme que nous avons croisé à la station de bus de Tafourah. En effet, la première idée qui nous vient en tête en venant ici à Alger, capitale du pays, tout va bien ! Mais la réalité nous montre autre chose ! À l'intérieur des bus et minibus, des voyageurs s'entassent comme des sardines, tandis que le «receveur», lui, crie à tue-tête tout au long du trajet. Les passagers, eux, sont considérés avant tout comme des marchandises. L'image est parfois caricaturale. Mais cela reflète une réalité : les transports publics, notamment les lignes assurées par les transporteurs privés, baignent dans une anarchie indescriptible. Non seulement les conducteurs, souvent mal formés, ne respectent ni les horaires, ni le code de la route, mais font souvent preuve d'une insolence insoutenable. Insultes, bousculades et manque criant d'hygiène sont le lot quotidien des passagers. «Je prends le transport public quotidiennement et à chaque fois c'est le même calvaire. Parfois, il faudrait attendre des heures pour prendre son bus», dira un voyageur avant d'ajouter que «voyager assis est devenu un rêve pour moi». «Comme vous voyez les bus qui nous transportent n'ont pas assez de places assises et je me trouve toujours dans l'obligation de céder ma place aux personnes âgées», dit-il. Les tableaux signalant les destinations des bus de l'entreprise publique Etusa sont parfois trompeurs, chose que nous a confirmée un jeune à l'arrêt de bus de la place du 1er-Mai (ex-champs de manœuvres), «à chaque fois les bus nous trompent avec les plaques qui indiquent la destination du bus. Hier à titre d'exemple, on était une dizaine de personnes à monter dans un bus qui affichait la destination de Ben Aknoun, mais qui, finalement, partait à destination de Salembier, on était contraint de descendre et remonter dans un autre bus», dira-t-il. Le comble dans le transport public à Alger, comme dans d'autres wilayas du pays, c'est que des «bus mortels» datant de plus de 35 ans continuent de circuler ! Lors de notre virée dans les trois stations de bus d'Alger centre : Aïssat-Idir, Place 1er-Mai et Tafourah, nous avons remarqué des bus qui datent des années 1980 et qui se trouvent dans un état plus que lamentable continuent de circuler et de transporter des centaines, voire des milliers, de citoyens quotidiennement. La question qui nous vient à l'esprit en voyant ces bus circuler est : est-ce que ces bus ont subi le contrôle technique ? Formellement, oui puisqu'ils disposent de ce «fameux» papier que les transporteurs montrent lorsqu'ils sont arrêtés dans les barrages de contrôle de routine. Mais en voyant l'état de ces véhicules la question reste posée. Pourtant un dispositif coercitif de contrôle technique obligatoire pour les véhicules des activités réglementées, visant à améliorer la qualité des prestations assurées aux citoyens, existe depuis déjà des années. À leur passage au contrôle technique, les véhicules doivent répondre aux normes techniques et aux dispositions réglementaires notamment en matière d'hygiène, prévues par la réglementation en vigueur, devenue obligatoire depuis février 2003. Mais à première vue, les bus ne présentent aucun signe de conformité technique, même en matière d'hygiène. La question qui se pose est : comment ce fait-il que ces bus continuent de circuler encore sur les routes de la capitale alors que leur état est si lamentable ? Pour cela nous avons tenté de joindre la direction des transports de la wilaya d'Alger pour voir s'il y a des nouvelles mesures quant à l'éradication de ces bus qui datent de plus de 30 ans, en vain ! Pour rappel en Algérie, le contrôle technique des véhicules est assuré par plus de 250 agences réparties sur tout le territoire national. Y. S.