Plusieurs dizaines de Yéménites ont été tués dans des bombardements aériens de la coalition sous commandement saoudien. Ces bombardements meurtriers ajoutés aux combats au sol à Taëz sont le signe d'une intensification des opérations militaires dans la troisième ville du Yémen. Soutenues dans les airs par la coalition menée par l'Arabie saoudite, les forces gouvernementales yéménites et leurs alliés sur le sol tentent de reprendre Taëz dans le Sud-ouest aux Houthis, après avoir réussi à les repousser hors de cinq provinces du Sud depuis la mi-juillet. Les ONG font état de dizaines de morts et de blessées dans une guerre de faible intensité, mais qui reste productrice régulière de morts et de destructions. Le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) a souligné qu'outre les morts, en grande majorité des civils, les bombardements et les combats au sol, qui ont eu lieu vendredi, avaient fait un grand nombre de blessés. Il était impossible d'établir un bilan précis, des personnes «étant ensevelies mortes ou vivantes sous les décombres» d'habitations, selon la porte-parole du Cicr au Yémen. L'agence yéménite de presse Saba a indiqué de son côté que les bombardements avaient tué 63 civils et blessé 50 autres. Le bilan des morts de vendredi reste l'un des plus élevés dans le pays depuis le début du conflit fin mars. La coalition arabe menée par Riyad est intervenue au Yémen fin mars pour imposer sa propre logique et stopper la progression des Houthis accusés d'être soutenus par l'Iran. A partir de leur fief de Saada les Houthis ont avancés dans le sud du Yémen et conquis de larges portions du pays considéré comme laissé à l'abandon par l'ancien gouvernement. Les premiers combats d'envergure à Taëz, une des principales portes d'entrée pour accéder à la capitale Sanaa aux mains des Houthis ont eu lieu à la mi-août. Mais le niveau des batailles est demeuré à un niveau modéré bien que ce sont les civils qui endurent cette guerre fratricide dans leur vie quotidienne. Hier, de nouveaux combats ont opposé les antagonistes dans le secteur du palais présidentiel de Taëz, faisant au moins trois morts parmi les civils. Les Houthis ont affirmé avoir abattu un hélicoptère saoudien de type Apache appartenant à la coalition, et ce, à la frontière avec le Yémen, tuant ses deux pilotes. Pendant ce temps les groupes armés djihadistes prolifèrent dans cette atmosphère de désordre. À Aden, le quartier général de la police politique a été détruit hier par une explosion attribuée à Al-Qaïda. Des éléments d'Al-Qaïda s'étaient installés début août dans le QG, deux semaines après la reprise d'Aden. La présence d'éléments d'Al-Qaïda a été signalée dans certains secteurs d'Aden depuis fin mars. Particulièrement implanté dans le sud du Yémen, le réseau extrémiste contrôle depuis avril Moukalla, la capitale de la vaste province du Hadramout, dans le Sud-est. La crise au Yémen pourrait bien se compliquer davantage. M. B./Agences