Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a présenté sa démission du poste de président du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine. De même que la moitié des 18 membres de cette instance. Cette démission n'affectera pas ses fonctions à la tête de l'Autorité palestinienne. En revanche, ces démissions provoqueront de fait la convocation du Conseil national palestinien (CNP), qui ne s'est pas réuni depuis près de 20 ans. Le CNP, dont la dernière réunion remonte à 1996, compte 740 membres répartis dans les Territoires occupés et dans la diaspora, regroupe tous les mouvements de résistance palestiniens à l'exception des mouvements islamistes du Hamas et du Jihad. Le comité exécutif est la seule instance habilitée à prendre les décisions engageant les Palestiniens notamment dans ses rapports complexes avec Israël. C'est ce comité qui avait signé notamment les accords d'Oslo sur l'autonomie en 1993. Lesquels accords se sont avéré une grande supercherie. Mahmoud Abbas avait récemment suspendu son successeur à la tête de ce comité, Yasser Abd Rabbou, et c'est désormais un des plus fidèles alliés de Mahmoud Abbas, le négociateur en chef Saëb Erakat, qui assume cette fonction. Elu en 2005, après la mort du leader et symbole de la lutte des Palestiniens Yasser Arafat, le dirigeant palestinien aurait dû terminer son mandat en 2009. Mais l'absence de volonté d'organiser de nouvelles élections présidentielles le maintient au pouvoir. Et suscite les pires critiques à son encontre, allant jusqu'aux soupçons de faire le jeu des Américains et des Israéliens. En abandonnant la tête de l'OLP, au moins temporairement, à Saëb Erakat, Mahmoud Abbas place le notoire négociateur palestinien en position de force pour lui succéder. A peine la décision annoncée qu'Erakat présentait d'ailleurs ses nouvelles directives se voulant fidèle à la ligne traditionnelle de l'OLP : «Le gouvernement israélien poursuit sa politique de colonisation. Nous le tenons pour responsable de tous ses actes qui ne respectent pas les accords conclus entre les deux parties. Notre objectif aujourd'hui est de redéfinir les relations israélo-palestiniennes dans le domaine de la sécurité, économique et politique.» Mais pour certains observateurs ces démissions relèvent davantage de manœuvres que d'une véritable volonté de changer les choses. Abbas pourrait redistribuer les cartes de manière à écarter ses adversaires qui l'attendent au tournant. Le «diviser pour régner» israélien L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas accuse souvent le Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza, de chercher à le parasiter en concluant en sous-main un accord avec l'Etat hébreu qui entérinerait la division politique des Territoires occupés. La confirmation par Khaled Mechaal, le chef du Hamas, que des discussions ont bien lieu en ce moment entre le parti islamiste et le gouvernement de l'Etat hébreu aurait précipité la décision de démissionner. Il est patent que les querelles intestines entre les différentes factions palestiniennes sont entretenues de façon régulière par l'acteur principal de cette situation de colonisation et de déni de droit. Les autorités coloniales israéliennes ont compris que la meilleure arme disponible à moindre frais pour faire perpétuer le fait accompli demeure le «diviser pour régner». Souvent Israël tente de proposer un accord secret au mouvement Hamas afin renforcer la rupture entre le Fatah et le mouvement qui contrôle Ghaza. Les efforts entrepris pour réconcilier les deux frères ennemis ont pratiquement tous échoués. La situation se confine à un statu quo morbide qui n'aura fait que démobiliser les Palestiniens dans leur lutte pour leurs droits inaliénables. En conservant son poste de président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas garde certaines cartes en mains. Mais pour combien de temps ? Sa longévité à la tête de l'Autorité est considérée comme illégale, notamment par le Hamas qui estime que Mahmoud Abbas profite de la situation de blocage pour refuser d'appeler à une élection présidentielle. Pourtant certains de ses proches le disent fatigué, d'autres décrivent un homme usé par un pouvoir inlassablement malmené par la politique perfide d'Israël. Mahmoud Abbas, 80 ans, pourrait bien laisser sa place dans les mois à venir à la tête de l'Autorité palestinienne. Mais il tentera de mettre à l'écart ses détracteurs au sein de la direction palestinienne pour mieux asseoir son autorité et celle de son successeur, qu'il aura soigneusement choisi. M. B.