L'école publique entame une réelle réforme. Elle s'applique résolument à faire la mise à jour de ses méthodes pédagogiques ainsi que de ses programmes d'enseignement et à l'amélioration de ses moyens didactiques et sociaux. L'actualisation des contenus scolaires et des approches pédagogiques qui vont avec font, en effet, l'objet d'études et de séminaires spécialisés. Des experts et d'éminentes personnalités sont conviés pour en faire un audit complet et élaborer des solutions pérennes. L'Etat a aussi alloué des budgets conséquents pour doter les établissements scolaires d'équipements modernes (informatique, Internet, laboratoires, ateliers, terrains de sports...). Les revendications du corps enseignant et celles des autres travailleurs du secteur sont sérieusement prises en charge et font l'objet d'un calendrier de rencontres périodiques avec la tutelle. Les rapports entre employés et employeur s'inscrivent, désormais, dans une logique apaisée de concertation et de dialogue. Les conflits récurrents et la fatalité de la confrontation entre les deux parties, avec leurs lots de grèves et retards, cèdent progressivement le pas à l'entente et à la négociation. Les spécialistes et les professionnels sont optimistes à ce propos et estiment que l'école algérienne amorce présentement une avancée qualitative. La performance tant espérée de ce secteur hautement stratégique aura naturellement des incidences positives pour tout le pays. «L'avenir des nations est dans les écoles du peuple», dit l'adage. Une école authentiquement algérienne et ouverte sur l'universalité ne saurait, cependant, faire l'impasse sur l'éducation culturelle. En cette rentrée scolaire, les enseignants et les parents d'élèves reposent l'épineux problème de la surcharge des programmes. La caricature du petit enfant courbant l'échine sous le poids d'un gros cartable a fait la Une des journaux et des médias. Les concernés suggèrent un allègement de cette éprouvante charge quotidienne pour une bonne assimilation des cours dispensés et une meilleure récupération de l'élève. Une requête, jugée objective par de nombreux pédagogues, qui suggèrent un accroissement équivalent des activités récréatives et ludiques. Le peu d'intérêt accordé à l'animation culturelle dans le système scolaire algérien justifie, du moins en partie, le stress, la lassitude et la violence qui le minent en profondeur. Le ministère de l'Education nationale a fini par comprendre l'importance de la culture dans l'éveil et l'émancipation des élèves. Il s'est promis de se rattraper à travers un intérêt croissant pour le fameux module d'animation culturelle et l'introduction de textes classiques algériens (poésie, littérature, théâtre) dans l'enseignement des langues (arabe, français). On a même élaboré un projet de lecture où les collégiens et les lycéens sont censés lire et résumer une œuvre littéraire par trimestre. Une note leur sera attribuée pour cela et comptera dans l'évaluation de leur cursus. L'initiative a été vivement saluée en son temps comme un retour, juste et instructif, aux sources. Mais sur le terrain les choses n'ont pas évolué dans le sens souhaité. On enregistre encore un grand déficit en matière d'encadreurs spécialisés. Les diplômés des instituts des beaux-arts et les artistes ne sont pas autorisés à postuler à cette fonction pédagogique ! On ne peut pas exiger d'un enseignant de mathématiques d'apprendre à chanter ou à danser à ses élèves ! Au primaire, comme au CEM et au lycée, l'animation culturelle est toujours considérée comme une matière mineure, méprisée. C'est une erreur monumentale. L'école privée, qui se distingue par des résultats probants, réserve déjà une bonne place à l'éducation artistique. Des artistes et des animateurs culturels y officient dans la bonne humeur et la joie. Dans l'espace public, comme à la maison, la bonne culture est une denrée rare. L'offre d'accueil des centres culturels et du mouvement associatif est extrêmement limitée. Seuls de rares privilégiés en profitent. La quasi-majorité des enfants n'ont, en dehors de l'école, aucune chance de s'initier à la culture et aux arts. Il serait judicieux de leur offrir une si belle chose qui, de surcroît, est indispensable à leur succès scolaire. Le ministère a, certes, pris conscience de l'importance de ce dossier. Il faut maintenant passer aux actes. Elaborer des supports pédagogiques, mettre le paquet pour l'acquisition du matériel, donner la possibilité aux professionnels d'y animer des ateliers de peinture, de design, de musique ou de théâtre, s'ouvrir sur les établissement culturels publics, programmer des activités à l'intérieur et à l'extérieur des enceintes scolaires. La culture et l'art sont nécessaires, voire indispensables, à cette quête de qualité et de performance. K. A.