Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab «S'il y a des programmes culturels ‘‘spécial vacances'' que tu reçois, tu me les communiques. Ça ne va pas être facile avec le boulot, mais je vais essayer d'en faire profiter les enfants.» La collègue qui nous demande cette information, tout en exprimant la difficulté de concilier responsabilités familiales et professionnelle, résume en deux phrases toute la problématique de l'éducation artistique des enfants.L'école a carrément exclu les arts et tourné le dos à la culture et au sport. Dans certaines écoles, les enseignants essayent de dégager une petite heure pour permettre à leurs élèves de gribouiller sur des feuilles ou de faire un peu d'exercice sportif, qui se résume à quelques mouvements et des courses dans des cours qui ne sont pas aménagées pour ce genre d'activité. Les élèves n'ont d'ailleurs pas de tenues de sport, et les fournitures de dessin se réduisent à une boîte de peinture à l'eau et à deux ou trois pinceaux. Sauf quelques rares exceptions, musique, danse et théâtre sont inexistants pour cause d'absence de matériel et de moyens. L'école algérienne ne s'est pas limitée à seulement bannir la culture de ses murs, mais aussi de toute la vie de ses jeunes apprenants. Les programmes scolaires surchargés ne laissent aucun moment de répit à l'élève qui n'a pas le temps de souffler au cours du trimestre. Entre les révisions et les devoirs, c'est tout juste si les enfants arrivent à dormir les dix heures nécessaires pour leurs repos et croissance. Quant à faire du sport ou prendre des cours d'arts en dehors de l'école, il ne faut même pas y penser. Quand ce n'est pas le temps qui manque, ce sont les moyens. Car ce ne sont pas tous les parents qui peuvent se permettre de payer à leurs enfants des cours dans les quelques écoles d'arts privées qui existent, ni être aussi prêts à faire toute une gymnastique pour les emmener et les ramener. Dans ce désert qui s'étend tout au long de l'année scolaire, la moindre station qui présenterait quelque activité artistique devient dès lors une oasis culturelle luxuriante. Des théâtres, des associations et des institutions s'efforcent de monter des programmes pour enfants durant les vacances scolaires. Mais ils ne sont pas légion, et ce ne sont donc pas tous les enfants qui peuvent profiter de ces programmes «spécial vacances scolaires». De plus, ce que proposent ces animateurs cette année, à quelques rares et insignifiantes variations, n'est ni plus ni moins que la copie conforme de ce qui l'a été l'année précédente, du réchauffé, remâché et déjà-vu. Le manque d'imagination est flagrant. Les enfants ne s'enrichissent pas, n'élargissent pas leurs sphères et ne découvrent pas de nouveaux horizons. Ils s'amusent, c'est tout. Or, la culture n'est pas distraction et amusement seulement, c'est aussi, et surtout, enseignement et pédagogie, dans un cadre ludique. C'est pour ça que l'éducation artistique est une des missions de l'école, qu'elle n'a toujours pas assumée.