Le peu d'intérêt accordé à l'animation culturelle et aux activités sportives dans le système scolaire algérien justifie en partie cette lassitude. Ces dernières années, le ministère de tutelle insiste beaucoup sur ce point, mais sur le terrain les choses n'évoluent pas vite. Souvent, les enseignants d'éducation culturelle et sportive ne sont pas spécialement formés et la plage horaire accordée reste négligeable. Au primaire, des instituteurs de langue arabe ou de français s'efforcent de parler musique et design à des petits enfants qui ne comprennent que dal. Les diplômés des instituts des beaux-arts et les artistes ne sont pas autorisés à postuler à cette fonction pédagogique. Une séance hebdomadaire, d'une ou deux heures, est manifestement insuffisante pour décompresser et évacuer la charge cumulée durant une semaine de travail. Quand il arrive à un établissement de prendre un vacataire qui a les compétences requises, il est immédiatement confronté au manque de moyens pédagogiques. Rares sont les écoles qui disposent d'un petit atelier de peinture ou d'un espace adapté aux arts de la scène. Dans les cycles moyen et secondaire, cette matière est carrément abandonnée. Le manque de moyens didactiques, l'absence de manuels scolaires adaptés et la totale indifférence de l'administration achèvent ce qui reste de ce fameux module d'éducation culturelle. Cela ne figure même plus dans le relevé de notes de l'élève. Les mêmes lacunes sont également évoquées concernant l'éducation physique et sportive. L'enseignant de sport travaille généralement dans la cour de l'établissement. Qu'il pleuve ou qu'il vente, il exerce son métier dans la précarité absolue. Exemple : En plus des nombreux dommages matériels que cela risque d'engendrer, il ne peut pas programmer une partie de foot dans une étroite cour sans nuire à la quiétude de tout l'établissement. Il se limite, alors, à de rudimentaires exercices d'échauffement. Il sait que les notes d'EPS qu'il attribue à ses élèves ne signifient absolument rien. Les réformes successives des programmes scolaires se caractérisent, toutes, par une espèce de «mépris» pour les activités culturelles, malgré la thèse qui prône leur développement pour l'épanouissement des facultés intrinsèques de chaque apprenant. Aucune place n'a été accordée aux loisirs, aux belles choses, à la création artistique et aux sports. Des ateliers de peinture, de musique ou de théâtre sont pourtant nécessaires aux élèves. En plus de la détente que cela procure, ce type d'initiatives permet aux petits d'être à la page et de mieux comprendre leur époque. Il y a de cela quelques années, des conventions de coopération ont été paraphées, à ce sujet entre les ministères de l'Education nationale, de la Culture et de la Jeunesse et des Sports. L'entreprise a été vivement saluée en son temps par toutes les parties concernées. La tutelle a présenté la chose comme une évolution qualitative vers la modernité et l'épanouissement. Les pédagogues et les parents d'élèves ont applaudi des deux mains. Malheureusement, ces contrats sont restés à ce jour sans suite. Dans les faits, rien n'a été concrétisé. À ce rythme, l'art, la culture et le sport ne seront jamais chez eux à l'école. Et c'est une grave méprise. K. A.