Le président russe, Vladimir Poutine, s'est imposé à l'ONU comme un acteur incontournable dans la crise syrienne face à son homologue américain Barack Obama toujours dans l'embarras sur la question de l'avenir du président Assad. Pour son premier discours depuis dix ans à la tribune de l'Assemblée générale, Poutine a proposé une «large coalition antiterroriste» qui permettrait de venir à bout de la menace de Daech. Il a évoqué une alliance qui ressemblerait à «celle contre Hitler» durant la Seconde guerre mondiale. Au lendemain de cette rencontre Obama-Poutine, les divergences demeurent nombreuses entre Russes et Occidentaux sur les moyens de mettre fin à la tragédie qui a déjà fait plus de 240 000 morts. Poutine n'avait d'ailleurs pas résisté à la tentation de tacler Barack Obama et François Hollande : «J'ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français, mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d'un autre pays.» Pour Washington, le chef de l'Etat syrien devra partir dans le cadre d'une transition politique, même si le calendrier de sa sortie est négociable. Mais à l'ONU, c'est le Président russe qui semble avoir imposé ses vues. Il a proposé la mise sur pied d'une coalition politique et militaire qui inclurait Damas et Téhéran. Une manière pour Moscou de critiquer la coalition d'une soixantaine de pays pilotée depuis un an par les Etats-Unis et qui effectue des milliers de frappes en Syrie et en Irak, sans résultat tangible. «Nos militaires ont compté qu'en une journée, l'Amérique réalise 43 frappes. Mais avec quel résultat ?», s'est interrogé Poutine. Le porte-parole du Kremlin a affirmé de son côté que Washington a refusé de rejoindre le centre d'échange de renseignements militaires mis en place à Baghdad par l'Irak, la Russie, l'Iran et la Syrie pour combattre Daech. Si le Président russe n'a pas exclu des frappes de son aviation, il a écarté l'envoi de troupes au sol préconisant plutôt «d'aider davantage l'armée syrienne». Les Russes consolident leur présence dans le port syrien de Tartous. En réaction aux propos du Président russe, un responsable américain a décrit une «volonté partagée» de trouver des réponses face à la terrible guerre en Syrie qui a provoqué une crise migratoire sans précédent, mais constaté un réel désaccord sur le processus de transition politique. Les présidents des deux grandes puissances avaient affiché leurs désaccords au grand jour à la tribune de l'ONU. Dans son discours centré sur la force de la diplomatie, exemples de l'Iran et de Cuba à l'appui, Obama a indiqué «qu'après tant de sang versé et de carnages, il ne peut y avoir un retour au statu quo d'avant la guerre». Mais pour Poutine le Président syrien représente un gouvernement légitime avec lequel refuser de coopérer serait une «énorme erreur». «Nous devons reconnaître que personne d'autre que les forces armées du Président syrien ne combat réellement l'Etat islamique», a tenu à préciser Poutine. M. B./Agences