« Selon moi, il existe une base de coopération sur nos problèmes communs », a déclaré Poutine devant la presse à l'issue d'un tête-à-tête avec Obama qui a duré 90 minutes en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, Moscou et Washington vont continuer à se parler pour trouver un compromis dans le dossier syrien et la lutte contre Daech. « Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur des étapes en particulier », mais Obama et Poutine « se sont mis d'accord pour continuer leur coopération », a-t-il déclaré, hier, dans une interview accordée à la télévision russe. « Des discussions entre les ministères de la Défense, entre les ministères des Affaires étrangères » vont avoir lieu pour « rendre notre objectif commun (...), la destruction de Daech, plus réalisable », a-t-il ajouté. « Tous ceux qui affrontent Daech, qui détestent Daech, doivent coordonner leurs actions », a poursuivi le ministre des Affaires étrangères russe, tout en écartant l'idée d'un « commandement unique », jugé peu réaliste. « Le président Poutine l'a signifié très clairement », a-t-il précisé. Obama et Poutine ont ainsi approuvé le principe de discussions tactiques entre leurs deux armées pour éviter tout conflit lors d'éventuelles opérations en Syrie, a, pour sa part, déclaré, lundi soir, un responsable de la Maison-Blanche faisant état d'un réel désaccord sur l'issue d'un éventuel processus de transition politique. Il a affirmé que les deux présidents ont convenu d'explorer des options pour une solution politique mais divergent sur le sort du président syrien. Le président Obama a réaffirmé que le pays ne retrouverait jamais sa stabilité si Bachar Al Assad devait conserver sa place de Président, a ajouté le responsable américain, décrivant une « volonté partagée » de trouver des réponses face à la guerre en Syrie qui a provoqué une crise migratoire sans précédent. Dans la journée de lundi, le président américain, qui s'est exprimé à la tribune de la 70e Assemblée générale de l'ONU, a indiqué que les Etats-Unis étaient « prêts à travailler avec toutes les nations, y compris la Russie et l'Iran, pour résoudre le conflit » syrien. A la même tribune, le président russe a prôné la mise en place d'une coalition élargie en Syrie pour lutter contre les terroristes et réaffirmé son soutien au régime de Bachar Al Assad. Il a jugé que le refus de coopérer avec le président syrien constituait une « énorme erreur ». « Nous devons reconnaître que personne d'autre que les forces armées du président (syrien) ne combat réellement Daech », a expliqué le chef du Kremlin, n'excluant pas de participer avec les Occidentaux à des opérations militaires mandatées par les Nations unies contre le groupe Daech. Il a, en revanche, exclu toute participation à une opération terrestre contre cette organisation terroriste. S'agissant de la question de la transition, Poutine a estimé que c'était au peuple syrien de décider du sort du président syrien, et non à Barack Obama ni à François Hollande. « J'ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français, mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d'un autre pays », a-t-il dit. Intervenant lui aussi à la 70e Assemblée générale de l'ONU, François Hollande a réaffirmé à contre courant la position de la France stipulant que la transition en Syrie passait par le départ du président Assad.