L'ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, présente des excuses pour «les erreurs» qui ont causé la destruction de l'Irak. Dans un documentaire sur cette guerre destructrice, diffusé sur la célèbre chaîne de télévision américaine CNN, l'ancien dirigeant britannique, ayant engagé son pays dans l'invasion menée par les Etats-Unis en 2003, reconnaît «d'importantes erreurs». Blair s'excuse «pour les faux renseignements» qui ont poussé les Etats-Unis et lui-même à détruire l'Irak. «Je m'excuse aussi pour certaines erreurs de planification et, bien sûr, pour notre erreur d'appréciation de ce qu'il se passerait une fois que l'on aurait fait tomber le régime.» La sortie impromptue fait sourire lorsque l'on sait que Blair a longtemps soutenu l'invasion avant de revenir sur ses positions. Aujourd'hui il insinuerait même que c'est bien l'invasion de l'Irak qui serait responsable de la montée en puissance du fameux groupe Daech. «Bien entendu, on ne peut pas dire que ceux d'entre nous qui ont fait tomber Saddam en 2003 n'ont aucune responsabilité dans la situation de 2015», reconnait-il. Ce repentir en retard est déjà dénoncé par certains comme une opération de communication pour parer aux critiques qui s'annoncent rudes lorsque sortiront les conclusions du «rapport Chilcot». Cette commission, du nom de son président Sir John Chilcot, a été mise en place en 2009, sous le gouvernement travailliste de Gordon Brown. Son rôle est d'établir les responsabilités dans la participation de la Grande-Bretagne à la guerre en Irak. Le gouvernement, alors dirigé par Tony Blair, a suivi les Américains dans l'intervention sur la base de documents mensongers faisant état de la présence d'armes de destruction massive. Ce n'est pas le premier responsable de premier plan à reconnaitre le gros mensonge des ADM, prétexte qui a renvoyé tout un pays cinquante années en arrière. L'ancien chef des inspecteurs de l'ONU, Hans Blix, a sorti en 2004 un livre au titre évocateur, Irak, les armes introuvables, où il affirme que «dans le cas de l'Irak, il y a eu une tentative de la part de certains pays d'éradiquer des armes de destruction massive qui n'existaient pas». Même Colin Powell, alors secrétaire d'Etat américain, dira que la CIA l'a trompé, il le regrettera amèrement bien plus tard. Une «tache dans ma carrière», reconnaitra-t-il Tony Blair, le menteur En mars 2003 l'Irak subit une invasion d'une coalition menée par les Etats-Unis sans mandat de l'ONU. Une agression et une occupation présentées alors, par la machine médiatique occidentale, comme l'arrivée de la «démocratie» et de la «liberté» pour le peuple irakien qui n'avait rien demandé. Aujourd'hui Saddam n'est plus là et le régime du Baath n'est qu'un lointain souvenir. Mais le pays des deux fleuves, jadis fleuron du monde arabe, présente l'image d'un Etat durablement déstabilisé. Le pays n'arrive plus à trouver sa voie. L'Irakien a laissé place au chiite, au sunnite et au kurde. En lieu et place de la démocratie annoncée le pays est rentré dans un cycle infernal de violence infinie et n'arrive plus à trouver la clef pour s'en extirper. Comme si les occupants étrangers avaient cassé quelque chose dans la structure de ce pays avant de partir. Les impasses politiques, la violence religieuse et l'avènement de groupes extrémistes mutants rythment aujourd'hui la vie en Irak. Un pouvoir nébuleux, des velléités séparatistes dans plusieurs régions du pays, sur fond de guerre sectaire, et un groupe Daech qui impose sa loi dans de larges pans du territoire. Le tout qui s'autoalimente indéfiniment. Pour justifier une guerre contre l'Irak, Tony Blair le menteur et ses services ont créé de toutes pièces des preuves de l'existence d'armes de destruction massive. Pour avoir le consentement de l'opinion publique. L'ancien Premier ministre, bombardé chef du «quartette», avait poussé le culot en regardant les Britanniques droit dans les yeux affirmant que Saddam Hussein pouvait déployer ses fameuses armes en 45 minutes. Tony Blair avait menti insolemment et les documents et archives attestent froidement de cette vérité. Mais cela sera sans effets négatifs sur sa carrière politique. Lorsqu'un gouvernement ment aussi lourdement (surtout quand le mensonge a coûté la vie à des dizaines de milliers d'Irakiens) sa parole est logiquement discréditée pour longtemps. Or l'on remarque que ce qui s'applique à tous les régimes ne s'appliquerait pas aux Occidentaux en général. Les gouvernements occidentaux ne semblent pas croire que le sanglant mensonge sur les «ADM de Saddam» a des effets sur la crédibilité de la parole de leur personnel politique. Le matraquage des médias lorsqu'il s'agit de faire avaler des couleuvres est toujours opérant. La même rhétorique usée contre Saddam Hussein est aujourd'hui ressortie contre Bachar Al-Assad. Ainsi au nom d'une très sélective aide des peuples à s'émanciper de la dictature l'on pousse la Syrie vers le même avenir funeste que l'Irak. M. B.