Fidèle à son principe de non intervention militaire hors frontières, elle s'est toujours interdit, et se l'interdit encore, de participer à une quelconque action militaire en dehors de ses frontières. Dans toutes leurs déclarations, devant les représentants des différents Etats de la région et d'ailleurs (Europe, Moyen-Orient, USA, Russie, Chine), les deux ministres algériens, Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel, au nom du gouvernement et du peuple algériens, ne se lassaient pas de répéter : «Solution politique au conflit armé» et «dialogue inclusif». Et ils ont fini par convaincre. En effet, l'Algérie a mené le dialogue inter-malien et l'a fait avec brio. Elle a réussi à réunir les frères ennemis autour d'une même table et leur faire signer l'accord de paix. Ce n'était pas chose facile, avec notamment l'entêtement de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), mais les médiateurs algériens ont poursuivi leur mission jusqu'à la fin, soit la signature de l'Accord à Bamako, par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). Une coordination qui refusait, dans un premier temps, de parapher l'accord à Alger et, une deuxième fois, de le signer à Bamako. L'Algérie a réussi sa mission de médiation au Mali et, forte de ce succès, elle ne lésine pas sur les moyens, ceux-ci diplomatiques, pour convaincre les parties en conflit en Libye d'arriver à un même accord. Un accord de paix qui passe par la constitution d'un gouvernement d'union nationale. Bernardino Léon, l'émissaire de l'ONU en Libye, depuis août 2014, a échoué. Il avait pourtant annoncé la création de ce gouvernement d'union nationale et même donné le nom du Premier ministre, en la personne de Fayez El Serraj. L'annonce s'est avérée sans fondement, Fayez El Serraj lui-même démentant l'information, affirmant qu'il n'accepte pas le poste. Aussi, l'annonce de ce «gouvernement de Bernardino Léon» et non «gouvernement d'union nationale» en Lybie a suscité les pires critiques. Certains l'ont même assimilé à un troisième gouvernement, après ceux de Tripoli et Tobrouk. La mission de l'ancien émissaire -il est remplacé par un autre qui sera installé officiellement dans les prochains jours- étant un échec, il semble que seule l'Algérie a de réelles chances de faire aboutir les discussions. Et celle-ci, forte de son succès au Mali, ne peut répondre par la négative, se sachant, de plus, capable de relever le défi. Des spécialistes de la question politique le disent sans réserve. Cela d'autant que l'Algérie connaît bien le pays voisin dont le peuple souhaite vivement cette médiation algérienne. «L'Algérie connaît mieux que personne la société libyenne. En ce sens, elle est bien plus qualifiée que la France pour comprendre la complexité de la situation et convaincre les nombreux acteurs libyens de la nécessité d'un dialogue national. La majorité des Libyens est d'ailleurs favorable à une médiation algérienne» soutient Mustafa Fetouri, analyste et journaliste libyen. De son côté, Jean-Marie Géhénno, président de l'International Crisis Group, affirme : «l'Algérie a une profonde connaissance de la région ...Une bonne base pour une action politique.» Seulement, en comparaison avec le conflit malien, celui libyen s'avère plus complexe et plus difficile à résoudre. Car, il ne s'agit pas seulement des parties libyennes en conflit mais aussi d'autres intervenants (acteurs) externes, et non des moindres, qui soutiennent telle ou telle partie pour des intérêts à ne pas sous-évaluer. Autrement dit, le terrain est bien miné. La partie algérienne en est consciente. A ce propos, Abdelkader Messahel a déclaré, en appuyant sur les mots : «L'Algérie doit obtenir une coordination parfaite avec les pays voisins et les grands partenaires qui ont des intérêts directs ou indirects dans ce pays, principalement pour que les libyens aient un seul agenda pour l'avenir de leur pays.» Pour ce qui est de l'Egypte, accusée de soutenir le gouvernement de Tripoli, le même ministre algérien, assure que «l'Algérie et l'Egypte partagent la même position concernant le règlement de la crise en Libye. Nous sommes pour un règlement politique de la crise et soutenons la lutte antiterroriste ainsi que les efforts entrepris par l'ONU et les pays voisins». K. M.