Né à la Casbah, un certain 2 novembre 1926, Sid Ahmed Serri a baigné dans le monde de la musique dès son jeune âge et cela grâce à son grand-père Kaddour. Ce dernier était mokkadem des Aissaouas. La maison familiale, située à la rue des dattes à la Casbah, a témoigné du passage des plus grands noms de la scène algéroise à l'image de Hadj Mrizek. L'artiste a entamé sa carrière au sein de l'association El Hayat puis d'El Djazaïria où il fût le disciple de Abderrezak Fekhardji en 1945. Très vite remarqué pour son talent, Sid Ahmed Serri fait son entrée dans les studios en 1948 en passant par la radio et la télévision et c'est ainsi qu'il se fait connaître du grand public. En 1952, Fekhardji est nommé professeur au Conservatoire d'Alger et Serri se voit confié la classe supérieure d ́El Djazaïria (devenue par la suite El Djazaïria El Mossilia par la fusion des deux associations). L'artiste préservera son statut de professeur jusqu'à 1988. Parallèlement, il donne des cours à l'Institut national de musique et à l'Ecole normale supérieure. Entre 1988 et 1992, il se consacre à la création et au développement d'une nouvelle association musicale, El Djazaïria - Eth Thaâlibya. En 1989, il est choisi et élu à l'unanimité par ses pairs comme président national de l'Association de sauvegarde et de promotion de la musique classique algérienne. En avril 2006, il est élu président de la Fédération nationale des associations de musique classique algérienne, peut on lire sur sa biographie. Véritable militant pour la préservation de nos patrimoine, us et coutumes, l'artiste, malgré son âge avancé, célébrait chaque année avec ses élèves le Mawlid ennabaoui au sein du mausolée de Sidi Abderrahmane Ettaâlibi, dans la pure tradition algéroise. Il est aussi l'auteur d'un recueil de noubates andalouses, Chants Andalous - Recueil de poèmes des noubates de la musique Sanâa, édité en 1997 puis réédité en 2002 et 2006 par l'Entreprise nationale des arts graphiques. Le maître a à son actif, aussi, 45 CD de l'intégralité de son répertoire enregistré dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine musical classique algérien, édité par l'Onda. Homme généreux et modeste, Sid Ahmed Serri, avec son immense talent, est toujours resté à l'écoute de la nouvelle génération. Il a su lui transmettre son héritage avec passion. En 1992, il est le premier artiste lyrique à recevoir la médaille du mérite national en 1992. A cette distinction suprême, la réaction de l'artiste fut : «J'ai pensé que cette médaille, je ne la méritais pas réellement et qu'elle aurait dû revenir en premier à mon professeur Abderrazak Fekhardji, décédé en 1984.» C'est là la grandeur d'un maître, faite d'humilité et de modestie. Repose en paix l'artiste. W. S. M.