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Les terroristes du Bataclan liés à d'anciens «grands frères» du djihad
Les attentats de janvier et novembre 20015 à Paris ont de vieilles rac
Publié dans La Tribune le 19 - 11 - 2015

Ils constatent alors que si les attentats du 13 novembre se singularisent par leur ampleur destructrice, leur organisation coordonnée et l'utilisation inédite de ceintures d'explosifs, leurs exécutants ont des liens directs et anciens avec des filières terroristes françaises remontant à l'année...2000. Un fil de continuité en somme.
Ils découvrent que Fabien Clain, 37 ans, et son frère Jean-Michel, 34 ans, sont des figures de proue de la filière dite d'Artigat dans l'Ariège, l'une des toutes premières filières purement françaises de candidats au djihad au Proche-Orient au temps où le terrorisme transfrontière portait le label d'Al Qaida. La réapparition des frères Clain, dont l'ainé est le mentor de Mohamed Merah le Toulousain, juste après celle de la filière connue sous le nom des Buttes Chaumont à Paris, dans les attentats de janvier 2015, traduit le retour sur la scène terroriste, en retrait, des pionniers français du djihad.
Les frères Clain ont refait surface moins d'une année après les frères Kouachi, les assassins de Charlie Hebdo, tout comme Amedy Coulibaly, auteur de la fusillade à Montrouge dans les Hauts de Seine et de l'attaque contre l'Hyper cacher de la Porte de Vincennes à Paris. Il y aussi Salim Benghalem, soupçonné d'avoir été un des geôliers des journalistes français en Syrie en 2013 et 2014. Tous ces terroristes ont émergé dans la nébuleuse islamiste radicale de début 2000. Bien avant le 11 septembre 2001. Le terrorisme low-cost français de 2015, bien organisé, déterminé et kamikaze a donc une préhistoire.
En 2005, Fabien Clain se fait remarquer par les services français qui l'ont «logé» comme responsable de l'organisation d'une filière d'acheminement de volontaires pour le djihad en Irak. A l'époque, c'est Al Qaida de Ben Laden qui constitue la force d'attraction majeure. La Syrie n'est alors qu'une base de transit, la porte d'entrée pour le territoire irakien où se déroule une guerre sanglante avec les Etats-Unis et leurs alliés. A cette date, la France n'était pas encore perçue comme une terre de «guerre sainte». Mais certains départs se faisaient déjà à partir de Bruxelles que l'on ne considérait pas encore comme une plaque tournante du djihadisme salafiste comme c'est désormais le cas.
La filière d'Artigat est née sous l'impulsion et l'influence d'Olivier Corel, 70 ans, qui est surnommé «l'imam blanc», un prédicateur enragé mais jamais inquiété, encore moins condamné. D'origine syrienne et de son vrai nom Abdel Ilah Al-Dandachi, c'est à son contact fréquent que Mohamed Merah se radicalisera. Fabien Clain était en ce moment-là son bras droit. Cette même filière est la couveuse de Sabri Essid, 30 ans, de racines tunisiennes. Longtemps discret, ce beau-frère de Mohamed Merah réapparait trois ans après les tueries de Toulouse. Il ressurgit dans une vidéo et semble avoir rejoint les rangs de Daech au printemps 2014.
Parallèlement à la filière d'Artigat, l'affaire de celle des Buttes Chaumont, jugée en 2008, avait révélé alors les noms de Kouachi, notamment de Chérif, premier responsable de l'attaque contre Charlie Hebdo en janvier 2015. Ou encore Boubakeur El Hakim, 32 ans, qui a revendiqué, en décembre 2014, l'assassinat de deux opposants politiques de gauche en Tunisie. Les vétérans des Buttes Chaumont ont pourtant enrichi les archives des services judiciaires et de renseignement. On les savait dangereux et ayant de multiples connexions dans la mouvance radicale française. Ce qui ne les a pas pour autant empêchés de sévir plus tard. Un petit village où les liens sont rarement coupés. Des attaches maintenues et entretenues y compris en prison. C'est en effet en milieu carcéral que Salim Belgahlem a fraternisé avec un ancien des Buttes Chaumont, Mohamed El Ayouni. Par Ailleurs, Cherif Kouachi sera associé à une tentative d'évasion de l'un des auteurs des attentats de... 1995 du RER Saint-Michel, Smail Ait Ali-Belkacem, ex-membre du GIA algérien. Amedy Coulibaly avait été condamné dans cette affaire de tentative d'évasion !
Aujourd'hui, les services compétents français sont confrontés à un radicalisme d'un nouveau genre qui pratique un terrorisme de second type. Loin des pieds-nickelés que sont par exemple Sid-Ahmed Ghlam qui se tire une balle dans le pied alors qu'il s'apprête à tuer des paroissiens dans une église de Villejuif dans la banlieue parisienne. Ou encore Yassine Salhi qui échoue piteusement à faire exploser une usine chimique dans l'Isère. Autre exemple, Ayoub Al Khazzani qui se fait lamentablement neutraliser dans un TGV par trois jeunes Américains de passage. Désormais, ils ont affaire à des réseaux dormants parfaitement préparés et organisés. De même qu'à des commandos bien entrainés et très déterminés et qui commettent des actions élaborées. Voire sophistiquées, usant de toute la panoplie du terrorisme : mitraillage à l'aveugle et dans la masse, prise d'otage, ceintures explosives et des suicidaires qui résistent farouchement sans jamais se rendre, cherchant toujours la mort.
Mais, malheureusement, comme le dit un flic français, les services et les autorités compétentes connaissaient le scénario et les acteurs, mais ont été incapables d'empêcher la réalisation du film d'horreur.
N. K.


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