Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a tenté hier d'apporter des réponses aux innombrables préoccupations des représentants du peuple ayant intervenu dans le cadre du débat sur le projet de loi de Finances 2016. Benkhalfa, qui est revenu sur les efforts d'investissements consentis par l'Etat depuis le début des années 1990, a voulu convaincre par le langage des chiffres. Il fera savoir que l'Algérie est classée à la 93e place sur 187 pays dans l'Indicateur du développement humain (IDH) établi par les Nation unies. Idem pour les ressources consacrées à l'amélioration des infrastructures de base. Sur ce point, le premier argentier du pays a fait savoir que l'Algérie a consacré, entre 1990 et 1999, 4 700 milliards de dinars à l'économie nationale. Le chiffre sera porté, entre 2000 et 2009, à 18 000 milliards avant de connaître une enveloppe additionnelle de 25 000 milliards de dinars entre 2010 et 2014. Ces chiffres, assure le ministre, montrent que le pays s'est doté d'une «base économique solide» qui lui permettra de transformer ce développement en une croissance économique dans les années à venir. Reconnaissant que le pays est en pas de traverser une zone de turbulences économiques dans une conjoncture mondiale peu favorable, l'invité de l'hémicycle de Zighoud Youcef s'est voulu rassurant devant les députés quant à la disponibilité des ressources requises pour poursuivre la politique de développement actuelle. Il rappelle, dans ce sens, l'ensemble des mesures prises dernièrement en vue de capter les ressources financières du pays non bancarisées. Pour lui, le défi réside dans l'exploitation de ces sommes financières faramineuses qui devraient être collectées par les banques.Dévoilant les grandes lignes des années à venir sur le plan économique, le ministre a précisé que le gouvernement veut aller vers «une exploitation intensive des ressources naturelles, humaines et une politique managériale de qualité». Toujours au même titre, Benkhalfa a voulu adresser quelques messages aux députés qui reprochent au gouvernement ses tendances libérales. «On ne peut pas aller vers l'exportation avec des mentalités classiques», a-t-il déclaré faisant remarquer qu'il est temps «d'intégrer le marché international». Une déclaration qui sonne comme une nouvelle orientation prônée par le gouvernement et qui justifie d'ailleurs une série de mesures introduites dans le projet de loi de Finances 2016. Revenant sur les observations des députés, le ministre a cité notamment l'article 66 qui prévoit l'ouverture du capital des entreprises au privé national. Pour lui, cette disposition concerne le résident national et permettra de booster l'entreprise algérienne. Dans le même ordre d'idées, le ministre a réfuté la thèse selon laquelle la règle 51/49 % a été abandonnée par l'Exécutif. Bien au contraire. Benkhalfa affirmera que cette mesure a été renforcée et même élargie au secteur tertiaire et à l'importation. Par ailleurs, le ministre a abordé la question des augmentations des prix des produits énergétiques qui, a-t-il dit, rentre dans le cadre de la révision de la politique des subventions qui sera concrétisée progressivement dans les prochaines années. Cette révision qui intervient «étape par étape» permettra de cibler les catégories fragiles de la société mais tout en «maintenant les grands équilibres du pays». «La situation actuelle nécessite l'introduction de changements. Certes, nous n'allons pas franchir les lignes rouges, mais nous devrions changer les mécanismes de gestion pour donner un nouveau souffle à l'économie du pays», a-t-il martelé. Ainsi, après plusieurs années de gel des prix des produits de base, le gouvernement a décidé de déterrer le dossier des subventions et privilégiant un système de ciblage. Benkhalfa a même confié qu'une liste des personnes nécessiteuses a été déjà confectionnée. Sur le plan macroéconomique, le ministre a également assuré que «le gouvernement dispose d'une vision stratégique en dépit de la chute des prix du pétrole». Les pertes causées par cette baisse ont été évaluées, selon le ministre à environ 600 milliards de dinars. Enfin, signalons que les présidents des groupes parlementaires du FLN et du RND ont renouvelé leur confiance dans la composante gouvernementale, assurant que le projet de loi en débat intervient dans une conjoncture particulière qui justifie amplement les dispositions décidées. De leur côté les partis de l'opposition notamment le PT, le FFS, l'AAV et les indépendants ont rejeté le contenu du projet de loi jugé comme étant «une menace pour la stabilité sociale de la société et du pays». Le projet de loi sera soumis au vote des parlementaires le 30 novembre prochain. S. B.